Vagabondage Parisien

Oct 13, 2009 | Expos | 0 commentaires

Je rentre d’un séjour parisien. 5 jours à parcourir la ville, de salles d’expositions en galeries, musées et manifestations extérieures…
Petit (grand!) compte rendu sur les artistes qui m’ont touché.
Pour commencer, Marie Morel que j’adore depuis longtemps, exposée à la Halle Saint-Pierre. Des tableaux immenses, de 2 mètres par 3 mètres, mais travaillés de façon méticuleuse avec un fourmillement de petits détails. Ici, « La Liberté des femmes », une pièce déjà exposée ici, et qui m’avait déjà marqué (photo d’un détail prise par son fils Pierre, photographe reporter)

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Ensuite, pas très loin de là, la galerie « L’Art de Rien » que je retrouve toujours avec plaisir. Cette fois-ci c’était le thème de la poupée, décliné et détourné par les artistes. Beau, laid, surprenant, trash, poupées crucifiées, brûlées, des histoires racontées, vécues, souvenirs de voyage, d’enfance… Mic mac riche et intéressant.
Le soir, c’était Nuit Blanche dans Paris. Derrière l’hôtel, un artiste plasticien avait réalisé et installé un Spiderman étonnant de lumière qui tissait sa toile sur les maisons et les voitures, grandeur nature. Beau.

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Le lendemain, le photographe Jeff Cowen à la galerie Seine 51. Travail étonnant du développement, des matières… Les photos sont parfois déchirées, scotchées, avec des écritures, et punaisées directement sur les murs de la galerie.
La Fondation Cartier-Bresson présente le maître de la photographie documentaire, August Sander. Une étude sur les portraits de la société allemande des années 1920.
J’ai beaucoup aimé cette « jeune fille à la porte d’une roulotte », mais aussi les « jeunes paysans », les petites filles aux poupées, et le peintre Anton Raderscheidt.

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Les chemins de l’art brut à l’Institut national d’histoire de l’art. Depuis 1999, le Musée d’art moderne Lille Métropole possède la plus importante collection française d’art brut issue de la donation L’Aracine. C’est dans ce cadre et dans l’attente de la réouverture du Musée agrandi et reconfiguré que cette exposition est proposée afin d’éclairer l’oeuvre et le parcours d’auteurs d’art brut. Le visuel du musée est ce superbe soleil de mosaïque qui tire sa langue de Josué Virgili.
Dimanche matin. Sur l’Ile Saint-Louis, les photos monumentales de JR qui habillent les quais et le Pont Marie. De tous les côtés des coureurs font leur footing, ça court et ça transpire, les femmes papotent, les hommes sont sérieux et moi au milieu en décalage, qui prend mon temps. Reportage photo, tranquillement et en silence. Un homme en face qui ne court pas, lui non plus.

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Au grand Palais, Renoir. Je n’aime pas (à part quelques tableaux, comme « le déjeuner des canotiers », « les grandes baigneuses » de 1887) mais j’y suis allé, on ne sais jamais, les goûts changent et puis voir de près une œuvre peut faire changer d’avis. Mais là non, définitivement, je n’aime pas Renoir, et ces chairs roses et molles, ces femmes lascives qui ne font rien d’autre que se coiffer, se laver, jouer du piano. Pour lui, c’était cela la vraie peinture. Oter toute histoire d’un tableau et travailler sur le quotidien pour que chacun puisse s’identifier à la scène. Pourquoi pas…
L’exposition se termine sur le pire, pour moi, « Les baigneuses » qui est selon lui est l’aboutissement de son travail. Mais voilà une belle phrase qui peut en faire réfléchir plus d’un(e) : « Je commence à savoir peindre. Il m’a fallu plus de cinquante ans de travail pour arriver à ce résultat, bien incomplet encore », déclarait-il en 1913.
Il était mis en parallèle des œuvres de Picasso, Bonnard et Matisse. Je respirais enfin, devant leurs peintures, franches, solides et belles.
Ci-dessous, les fameuses baigneuses, enlisées dans leur décor mou.

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Heureusement pour mes yeux, au Louvre m’attendait « Rivalités à Venise ». Le vieux Titien ne veut pas laisser sa place ? Les jeunes Tintoret et Véronèse la prennent d’assaut ! Il leur faudra beaucoup d’efforts pour obtenir, par divers stratagèmes, commandes et marchés. Bien entendu, chacun des trois maîtres eut amplement la place d’exister seul. L’exposition met parfois en parallèle le travail des 3 artistes autour d’un même thème. Très intéressant de comparer leur travail réciproque avec la notion d’émulation.
Titien, que de merveilles ! Pour Véronèse, j’ai adoré sa « Vénus au miroir » qui devrait m’inspirer prochainement. Quant à Tintoret, je n’ai pas aimé ses couleurs, ni son dessin, avec des scènes lourdes et chargées.
Je suis allé faire un coucou à Mona Lisa en passant, et le spectacle est souvent dans la salle. Les gens qui se poussent pour faire des photos au flash du petit tableau dans sa boîte de verre, éloigné par une longue barrière arrondie ! Mais à quoi cela sert-il de prendre ce tableau en photo, alors qu’il existe des milliers de photos de la star ? Sans doute pour avoir leur photo ? L’utilisation de flash, pourtant interdit, sous les yeux des gardiens nombreux dans la pièce, ne risquent-ils pas de l’endommager un jour ?
Dans cette salle personne ne voit, ne regarde les autres peintures. Une pourtant a attiré mon regrad. « Pomone et Vertumne » de Bordone que voici.
En dessous, un détail tout en délicatesse d’un ange prenant entre ses doigts fins la tige d’une rose et les ailes d’un papillon.

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Légèreté ensuite avec l’exposition sur Bardot, dont j’ai déjà parlé ici. Intéressant de la remettre dans le contexte d’une époque où les stars s’appelaient Michèle Morgan, Edwige Feuillère, Martine Carol, Danièle Darrieux… Pas étonnant que l’arrivée de cette jeune beauté ait été foudroyante ! Plein de choses à voir et découvrir, des extraits de films, interviews, clips de chansons et publicités audiovisuelles, objets divers, de nombreuses photos, et des œuvres d’artistes l’ayant peinte : Arman, Jean Carzou, Aslan, et van Dongen dont voici la peinture.

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Ensuite, petit tour au cimetière le Montparnasse où je ne suis pas allé depuis 20 ans.
Bonjour messieurs Baudelaire, Sartre, Gainsbourg, Demy, César, Brassaï, Man Ray, et Delphine Seyrig, Jean Seberg et bien d’autres… En fait, pour tout dire, je cherchais le chat de Niki de Saint Phalle sur la tombe de Ricardo. Il faisait gris mais les couleurs éclatantes de la mosaïque m’attirèrent jusqu’à lui.

Pour finir l’excellent musée du quai Branly et l’exposition sur Teotihuacan qui venait d’ouvrir le jour même. Plongée dans cette civilisation mystérieuse et ce site immense et extraordinaire que j’ai eu la chance de visiter l’année dernière.

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Pour finir, Photoquai. 50 photographes de 32 pays sélectionnés pour un parcours sur les quais de la Seine longeant le musée du quai Branly. Mettre en valeur et faire connaître des artistes dont l’œuvre reste inédite ou peu connue en Europe, susciter des échanges, des croisements de regards sur le monde. Photos imprimées directement sur de grandes plaques. « Nous avons été séduits par les qualités environnementales de cette technologie, qui utilise des encres écologiques sans solvant. C’est ensuite le rendu d’impression qui nous a vraiment surpris par la qualité de saturation des couleurs. Nous avions choisi une référence de rouge sur nuancier, et Picto a pu restituer cette teinte, que nous n’avions pas réussi à avoir sur d’autres imprimantes. » Céline Martin-Raget, Responsable du pôle image du Musée du quai Branly.
J’ai eu le temps d’aller voir l’exposition de Benjamin Lacombe avant de prendre mon TGV. La galerie était en retard et les pièces n’étaient pas encore encadrées. Ce qui m’a permis de les apprécier et les voir de près, sans la vitre, dans le grand carton aux pochettes plastiques. Les principaux originaux de ses livres, exposés pour la première fois. Beau travail…
Voilà en résumé mon parcours de ces 5 jours bien remplis. Plein les yeux, plein le tête, plein le cœur et beaucoup d’inspiration pour de prochains tableaux. Ma nourriture.

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