Rose Valland

Fév 1, 2010 | Expos | 3 commentaires

rosvalparis21

Héroïne de guerre…
Pendant l’occupation, Rose Valland est conservatrice du musée du Jeu de Paume.  En France, les allemands commencèrent le pillage des œuvres d’art dans les musées et les collections privées, principalement celles appartenant aux juifs déportés ou en fuite. Ils utilisèrent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central avant d’orienter les œuvres vers différents lieux et hautes personnalités allemandes.
Pendant ce monumental pillage nazi, Rose Valland commença secrètement à enregistrer la plupart des œuvres qui transitaient par le musée du jeu de Paume.
Pendant quatre ans, elle nota dans de grands carnets la trace de ces mouvements : d’où venaient les œuvres, où elles allaient, à qui elles appartenaient, pour quel dignitaire nazi elles étaient destinées, etc. Elle remplit des centaines de fiches avec précision, prit des photos des œuvres, déchiffra les papiers carbone allemands dans les poubelles du musée, écouta des conversations des officiels nazis. Elle risqua sa vie en fournissant des informations à la Résistance sur les trains qui transportaient les œuvres afin qu’elle ne fasse pas sauter ces convois contenant d’innombrables chefs d’œuvres.
Le musée du jeu de Paume fut visité par des hauts dignitaires nazis et Rose Valland était présente le 3 mai 1941, quand Hermann Göring  vint sélectionner personnellement certains des tableaux volés pour alimenter sa propre collection. Dès l’automne 1944, elle informe les Américains sur les sites supposés de stockage des œuvres volées en Allemagne pour éviter leur bombardement et faciliter leur récupération.

A la libération, Rose Valland travailla en tant que membre de la Commission de récupération artistique. En 1947, elle est nommée au poste central de la récupération artistique en Allemagne et se rend alors dans toutes les zones d’occupation, y compris la zone soviétique. Elle témoigna au procès des dirigeants nazis à Nuremberg, participa à la récupération des œuvres volées et aida à la reconstruction des musées allemands.
Rose Valland et son équipe auront retrouvé  60000 des œuvres pillées, dont 45000 seront restituées à leurs propriétaires.

A son retour en France en 1953, elle devient chef du service de protection des œuvres d’art puis est nommée en 1955 conservatrice des Musées nationaux. En 1961, elle publia ses expériences sous l’Occupation dans un livre Le Front de l’art (réédité en 1997). Le film Le train de John Frankenheimer (1964) est basé sur ce
livre (le personnage inspiré de Rose Valland est interprété par Suzanne Flon).
front1

Rose Valland a pris sa retraite en 1968, mais a continué à travailler sur la restitution des œuvres pour les Archives françaises. Elle reçut pour son travail de nombreuses décorations françaises et étrangères : Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, Médaille de la résistance. Les Etats-Unis lui remirent la Médaille présidentielle de la Liberté et en 1951, elle est officier de la Bundesverdienstkeuz, l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’allemagne.

Rose Valland meurt en 1980 à l’âge de 82 ans dans une relative solitude à Ris-Orangis. Elle est enterrée dans son village natal de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs où un collège porte son nom.
Qui connait Rose Valland aujourd’hui, qui fut si importante pour l’histoire de l’Art ? Sans elle, on ne connaitrait sans doute pas une partie des grandes œuvres exposées aujourd’hui dans nos musées…
Le 25 avril 2005, le ministre français de la culture Renaud Donnedieu de Vabres dévoile une plaque commémorative à son nom sur la façade du Jeu de paume.
Pour lire son discours : ICI

plaquervalland

Une exposition sur Rose Valland a lieu actuellement et jusqu’au 2 mai 2010 au Centre d’histoire de la résistance et la déportation de Lyon.
Toute sa vie à lire sur les murs du musée, quelques photos et documents lui ayant appartenu, quelques vidéos sur le pillages des œuvres…
Renseignements : ICI

damejeupaume

3 Commentaires

  1. dominik

    Merci pour ce beau focus Christophe !
    Petit clin d’oeil : Elle étudia entre autre à l’École nationale des beaux-arts de Lyon.

  2. Christophe Renoux

    Oui oui, c’est vrai Dominik ! Je n’ai pas précisé toutes ses études artistiques avant la guerre, c’est long ! Elle sort effectivement des Beaux-Arts de Lyon en 1922 avec plein de prix, pour rejoindre ensuite les Beaux-Arts de Paris. L’école du Louvre, puis en 1931 une thèse sur l’évolution du mouvement de l’art italien jusqu’à Giotto. 1932, elle rejoint le Jeu de Paume pour y travailler, puis la guerre éclate…
    Vie héroïque.

  3. Dominik

    Carrément…

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Archives