Nicolas Bouvier

Août 27, 2011 | Lecture | 0 commentaires

Ecrivain voyageur, mais il préférait dire « voyageur voyeur ». Nicolas Bouvier est né en 1929 à Genève, où il meurt en 1998. Il a contracté le virus du voyage dès sa jeunesse avec les livres qu’il lit grâce à un père bibliothécaire.
Il sera tour à tour poète, photographe, iconographe, homme de radio et de télévision, guide touristique en Chine, professeur, journaliste pour différents journaux suisses etc…
Pour l’un de ses plus grands voyages, il sera accompagné par le dessinateur Thierry Vernet. Ils partent pour la Yougoslavie puis suivent la route des Tziganes jusqu’à Kaboul. De ce voyage naîtra « L’Usage du monde », le récit du voyage devenu un « classique » du genre. Puis il poursuivra sa route, de la Laponie à l’Anatolie, du Tibet au Japon, de l’Irlande à la Corée, avec lenteur et contemplation.
Il nous donne à lire ses impressions les plus brutes et les plus véritables, nous donnant envie de partir sur le champs vers les chemins de la découverte et des surprises.
A lire ou à relire…

« À l’est d’Ezrum, la piste est très solitaire. De grandes distances séparent les villages. Pour une raison ou une autre, il peut arriver qu’on arrête la voiture et passe la nuit dehors. Au chaud dans une grosse veste de feutre, un bonnet de fourrure tiré sur les oreilles, on écoute l’eau bouillir sur le primus à l’abri d’une roue. Adossé contre une colline, on regarde les étoiles, les mouvements vagues de la terre qui s’en va vers le Caucase, les yeux phosphorescents des renards. Le temps passe en thés brûlants, et propos rares, en cigarettes, puis l’aube se lève, s’étend, les cailles et les perdrix s’en mêlent… et on s’empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour. On s’étire, on fait quelques pas, pesant moins qu’un kilo, et le mot « bonheur » paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive.
Finalement, ce qui constitue l’ossature de l’existence, ce n’est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d’autres penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l’amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur. »

Nicolas Bouvier, L’Usage du Monde.

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