« Le cerf blessé »

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Durant le mois d’avril 1946, Frida Kahlo peignit son célèbre tableau « Le cerf blessé ». Le 3 mai, elle le remit à Lina et Arcady Boytler, accompagné de ces vers.
Arcady Boytler est un cinéaste mexicain, grand ami de Frida toujours présent auprès d’elle. Sa femme Lina était actrice.

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Le cinéaste mexicain Arcady Boytler.


Corrido
pour A. et L.                Mai 1946
Tout seul s’en allait le petit Cerf
Triste, à l’abandon, blessé
mais chez Arcady et Lina
il put enfin se réfugier

Quand le Cerf s’en reviendra
requinqué, joyeux, soulagé,
les blessures de son corps meurtri
enfin auront été gommées

Merci, mes enfants bien-aimés,
de tout cœur, pour votre appui
dans la forêt qu’habite le Cerf
enfin le ciel s’est éclairci
Acceptez ci-joint mon portrait
pour que toujours je sois présente,
tous les jours et toutes les nuits,
même quand je serai absente.

La tristesse est reflétée
dans chaque recoin de mes tableaux,
je ne vois pas la moindre issue
car c’est bel et bien mon lot.

Inversement, le bonheur
est dedans mon cœur enfoui
grâce à Arcady et Lina
parce qu’ils m’aiment telle que je suis.

Je vous offre cette peinture
réalisée avec tendresse
en échange de votre amour
et de votre gentillesse.

Frida

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Frida con Granizo. Nickolas Muray, 1938.

2 réflexions au sujet de « « Le cerf blessé » »

  1. J’adore ce blog! Tout ce que j’aime dans ses murs et surtout ma chouchoute, la Kalho!
    Je note l’adresse et reviendrai le plus souvent possible

  2. Le cerf blessé

    Pauvre cerf touché par les flèches des chasseurs !
    Dans ta chair elles ont provoqué de tels dommages
    Qu’un peu partout le sang souille ton beau pelage,
    On imagine quel doit être ta douleur !

    Pourtant tu es toujours debout plein de vigueur,
    Ni tes plaies, ni la forêt sombre, ni l’orage,
    Rien ne semble pouvoir entamer ton courage,
    Tu gardes la tête haute dans ton malheur.

    Tes yeux noirs au milieu de ton visage grave
    Cherchent les nôtres avec beaucoup d’intensité,
    Au fond d’eux on peut lire une grande tristesse.

    Oh ! Mon ami, que tu est beau, que tu es brave !
    Peut-être tiens-tu de ça ta ténacité ;
    Seules les bêtes blessées connaissent la tendresse*.

    *Thomas Vinau, Little Man (2009)

    https://misquette.wordpress.com/2016/04/12/le-cerf-blesse/

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