Noir c’est noir

Lyon, lundi 2 janvier.

Le métro est bondé à cette heure là. Les gens sont tristes et sombres. Ont-ils réellement été joyeux durant ces fêtes ? Comment se sont déroulés leurs réveillons ? Ont-ils vraiment fait la fête il y a quelques heures ? On en douterait quand on voit leurs trombines car rien ne subsiste de tout cela. Pas un sourire, même au coin de l’œil, pas un regard pour son voisin, on dirait qu’ils en ont fini avec leur vie, avec la vie. Je me demande un instant si je ne suis pas tombé sur la rame qui est conviée toute entière à un enterrement. Meuh non, j’ai compris, on est sur le tournage d’une pub Eram de Chatillez, « Noir c’est noir » ! Les gens vont tous se réveiller en dansant, et les couleurs vont exploser !
Bah non… Rien n’explose.
Lyon presqu’île. Je sors enfin de ce corbillard sous-terrain pour aller à mon rendez-vous : me faire enlever quelques fils après l’ablation d’un grain de beauté. Salle d’attente du cabinet médical. Pleine. En entrant, je dis « Bonjour ! « . Personne ne répond. Bon. Les femmes restent le regard plongé dans leurs magazines féminins, les hommes lisent Auto plus ou bien regardent le plafond, un môme joue avec sa console, les téléphones portables sonnent les uns après les autres, et on entend les conversations qu’on aimerait ne pas se voir imposer. Tiens ils parlent ! Ça c’est rassurant.
Alors je me demande où va le monde. Nous sommes de plus en plus dans l’égoïsme, on ne regarde plus les autres, le chacun pour soi, l’indifférence… On organise des apéros virtuels sur Facebook avec des amis qu’on ne connait pas, mais on reste seul chez soi sans voir son voisin. Mais le voisin est pareil, alors…
Bonne année 2012 ?
Je sors de là en traversant le Pont Bonaparte, le sourire aux lèvres malgré tout parce que je n’ai plus les fils qui faisaient comme un petit rôti sur mon ventre, parce qu’il fait doux dehors et parce que la Saône à des reflets d’argent. En cette fin de journée la ville est plongée dans un bleu sombre, et seulement les deux collines, celle qui prie et celle qui crie comme chante si bien Benjamin Biolay, scintillent sous les feux d’un ultime rayon de soleil. Fourvière et Croix-Rousse face à face dans la même lumière. C’est beau.
Et je m’en vais chez des amis, des vrais, qui m’attendent et dont les sourires et la bonne humeur indispensable me feront oublier les tristes mines de cette fin de jour. Les amis non virtuels. Ceux qui manquent quand on ne les voit pas assez.
Que tout le monde remette un sourire sur ses lèvres pour avoir une belle et chaleureuse année 2012 !

Tiens, pour le plaisir, écoutons le Lyon Presqu’île de Benjamin Biolay :

Une réflexion sur « Noir c’est noir »

  1. Et pourtant bon nombre de voyageurs dans ce métro devaient avoir le même sentiment que vous…
    On réserve notre sourire et notre joie à nos vrais amis, on enfile notre « armure » pour sortir (pas de sourire, vêtements couleur sombre, indifférence…) et affronter notre ennemi (l’Autre).
    Dans ce monde si froid, les rencontres sont parfois aussi les plus belles…

    Quel émoi devant ce moi
    Qui semble frôler l’autre,
    Quel émoi devant la foi
    De l’un qui pousse l’autre,
    C’est la solitude de l’espace
    Qui résonne en nous
    On est si seul parfois
    Je veux croire alors qu’un ange passe
    Qu’il nous dit tout bas
    Je suis ici pour toi
    Et toi c’est moi.

    L’Autre, Mylène Farmer.

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