Youssef Nabil

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Natacha sleeping. Cairo 2000, Hand colored gelatin silver print.

Youssef Nabil est né au Caire en 1972. Enfant, il nourrit son imaginaire en visionnant des films égyptiens noir et blanc des années 40 et 50.
Après une maîtrise de littérature française à l’université du Caire, sa rencontre en 1992 avec le photographe arménien Van Leo sera fondatrice artistiquement pour Youssef. En 1993, il devient l’assistant de David Lachapelle à New York, puis de Mario Testino à Paris. Fort de cette expérience, Youssef développe son propre style et se consacre exclusivement à son travail personnel.
En 1999, il expose pour la première fois au Caire. Deux ans plus tard, sa première exposition individuelle a lieu au Mexique.
Les photos de Youssef  Nabil se reconnaissent par la colorisation à la main de ses tirages en noir et blanc. Son travail est avant tout intimiste, et c’est en photographiant des artistes et intellectuels qu’il se fait une belle notoriété. Il travaille également sur lui-même, avec de nombreux autoportraits à son actif.
Aujourd’hui Youssef Nabil vit et travaille à New York.

Pour visiter son site, c’est ICI.

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Sweet temptation. Cairo 1993. Hand colored gelatin silver print.
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Ehsan & light – Cairo 1993, Hand colored gelatin silver print.
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Rossy de Palma – Madrid 2002, Hand colored gelatin silver print.
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Salim Kechiouche. Paris 2005, Hand colored gelatin silver print.
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Lonely pasha. Cairo 2002, Hand colored gelatin silver print.
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Fifi smoking. Cairo 2000, Hand colored gelatin silver print.

Benjamin Biolay. Villefranche sur saône

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Concert exceptionnel samedi soir à Villefranche sur saône, ville natale du chanteur… Dernière date de sa longue tournée « La superbe ».
Une émotion, forcément de venir chanter en terre connue, devant ses proches, sa famille, et un public nombreux, après avoir pris le large et apaiser ses aigreurs. Regarder la lumière, de nouveau du côté de chez soi.
« Même si tu pars »…
Entre la France et l’Italie, entre le Beaujolais et la toscane, entre la Calade et Lucca, où s’écrivent donc ces textes ciselés, dans quels lieux, où se trouve l’inspiration, d’où viennent ces arrangements somptueux ?
Samedi 11 décembre. Parc Expo. Villefranche sur saône. 2h3o de beaux souvenirs. 2h30 qui résonnent encore dans nos têtes.
Un chanteur déchainé qui mit le feu à la salle, malgré la qualité d’un son discutable. Entre chansons d’émotion au piano et plus fortes en tempo, chansons douces et chansons rythmées, le chanteur qui chamboule mes émotions et me fait frissonner aura tout jouer.
Il y avait là un Jardin d’hiver, des cerfs volants, une Brandt rhapsodie, Lyon et sa presqu’île, et novembre toute l’année, qu’est-ce que ça peut faire ? A l’origine, revisitée de façon animale, ton héritage, superbe chanson, la superbe et bien d’autres… Mélodies du bonheur.
Des lumières pour habiller le chanteur, de la brume colorée pour cacher le superflu et ne montrer que l’intime, le cœur, les tourments, les amours déçues, et l’amour tout simplement. Amour du public pour Benjamin, amour de Biolay pour son public. Envoûtant.
Après un tel concert, on ne peut qu’être sous le charme, car on reste, Dieu merci, à la merci des sentiments.

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Vidéo d’une chanson à frisson, « Bien avant »…

Un grand MERCI au photographe Dominik Fusina qui m’a permis d’utiliser ses photos pour illustrer ce post.
Pour voir le diaporama complet de la soirée en 80 clichés, Dominik nous présente un album spécial : ICI

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Sur un air de fado

Nouvelle séance photo avec Laurent dans une maison en travaux.
Un prof de gym, une guitare, un air de fado, un beau lieu rempli d’histoires, un éclairage naturel et un brin de mélancolie pour cette série qui s’est faite dans le froid. Très froid.
Merci à Laurent d’avoir été patient pendant tout ce temps et merci pour les quelques notes de musique qui ont apporté un peu de chaleur dans cette grande maison froide.
Résumé en 7 clichés…

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Frida Kahlo. Ses photos

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Noël arrive. Voici un livre à offrir ou à s’offrir.
« Frida Kahlo. Ses photos ». Un trésor pour les amoureux de l’artiste ! Presque 500 photographies qui nous racontent l’histoire de Frida Kahlo. Collection personnelle de l’artiste retrouvée il y a quelques années dans la salle de bain murée par Diego Rivera et qu’on découvre aujourd’hui.
On retrouve des photographies, d’une belle qualité d’impression, signées Frida Kahlo, mais aussi Man Ray, Brassaï, Tina Modotti, Manuel et Lola Alvarez Bravo etc…
7 thèmes principaux : « Origines », « Papa », « La Maison Bleue », « Corps brisé », « Amours »,  » La photographie », « Lutte politique ».
Toute une vie racontée là en images, depuis la naissance, la famille, en passant par la maladie, le travail, les amours, la politique…
Des documents griffonnés, légendés, déchirés, cornés, parfois découpés ou embrassés, avec l’empreinte du rouge à lèvres de Frida.
Un bel ouvrage indispensable pour les passionnés de Frida Kahlo.

Couverture cartonnée, 17 cm x 24 cm
496 pages
Environ 490 photographies en bichromie.
32€

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Vincent Malléa

Vincent Malléa est photographe, mais son travail va au-delà puisqu’il intervient sur ses clichés. Il assemble et travaille en couches successives les morceaux de sa photographie originale qu’il superpose pour reconstruire le tirage initial. Mosaïque de papier. Ces morceaux sont collés sur un châssis, avec de petits décalages qui donnent à l’image une vibration particulière, puis vient la peinture, le dessin, parfois l’écriture et enfin le vernis.
Matières, déchirures, collage de papier, peinture, couleurs vives, calligraphie, tout un univers bien à lui qui se reconnait au premier coup d’œil. Pour Vincent Malléa, la photographie est une base, un support, pour s’évader vers les chemins de la création…
Dans ces images colorées, on trouve de l’humour, de la gravité, de la légèreté, un mélange d’onirisme et de réalité, sublimé par le regard perfectionniste de l’artiste. Son œuvre est un gros bonbon rose, où la joie et l’érotisme s’unissent devant nos yeux médusés.
Voici en guise d’illustration quelques autoportraits… Entre l’enfance, la pudeur et un brin de provocation, la personnalité de l’artiste se révèle ici sans retenue.

Vincent Malléa lance en ce moment son tout nouveau label de portraits artistiques exécutés sur commande. On devine ici de quelle façon obsessionnelle il photographie ses modèles, comme si c’était de lui dont il s’agissait, comme autant d’autoportraits, inlassablement…

Son site PROFILE SPLENDA, où l’on peut suivre pas à pas, en vidéo, l’élaboration d’un portrait : ICI

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« En avant ». 2002. Collection particulière. De la série « En avant »
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Ground Zero – 2005. Collection privée
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« The American Superfake ». 2005. Collection particulière. De la série « Serie Rose »
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Wincent HSH (recto & verso) 2009. Création pour la campagne Com’Test, Aides (65x81cm)
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« Pain Capital ». 2009. Burlesque Vanity Superbonus. Angela Transbury + François Sagat + Wincent

Arthur Rimbaud à Aden

Après de grands débats, voilà la réponse que tout le monde attendait :
sur cette photographie inédite (dimension 9,6 x 13,6 cm) nous avons bien la présence d’Arthur Rimbaud, sur la fin de sa vie.

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La photographie a été récemment découverte par deux libraires parisiens, Alban Caussé et Jacques Desse, au fond d’une caisse contenant un lot de clichés ayant appartenu à Jules Suel, commerçant d’Aden (Yemen) qui finança les ventes d’armes de Rimbaud. Elle a été prise là-bas, sur le perron de l’Hôtel de l’Univers, entre 1880 et 1890.
Pas de noms inscrits au verso du cliché, mais les recoupements méticuleux établis par les deux libraires et le spécialiste de Rimbaud Jean-Jacques Lefrère, ne laissent un doute quant à l’identité du jeune homme assis à droite . L’implantation capillaire, les deux méplats sous la lèvre inférieure, la petite moustache, la forme générale du visage sont comme « l’empreinte digitale » du poète, selon Lefrère.

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Jacques Desse commente :
« Comme dans Coin de table de Fantin-Latour, où il figure à côté de Verlaine, Rimbaud apparait ici parmi des « assis » d’Aden. Contrastant avec les trois autoportraits du solitaire de Harar, qui s’est mis lui-même en scène, debout et dans une attitude digne et fière, les deux portraits d’Aden le montrent en société, mal à l’aise, infiniment plus seul que quand il est solitaire.
Sur l’image du perron de l’Hôtel de l’Univers, il est assis mais semble sur le point de se lever. Tout son être parait protester contre son intégration à ce rituel bourgeois de la séance du portrait de groupe, auquel, pourtant, il n’échappe pas.
Il ne considère que le spectateur, comme en une muette interpellation, qui n’attend pas de réponse. Il nous regarde, il n’a rien à nous dire.
 »

Pour en savoir plus, voici le lien sur « La revue des ressources« , où les deux libraires racontent l’histoire de cette photographie : ICI

Exercices à domicile

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Laurent est professeur de gymnastique. On se connait depuis quelques années, de par sa fidélité à chacune de mes expositions.
Connaissant mes problèmes lombalgiques, il me proposa de venir à la maison pour des exercices de rééducation et de remise en forme.
Nous avions prévu depuis longtemps une séance photo, et ce fut l’occasion de l’envisager. Cela tombait plutôt bien, puisqu’une envie pressante se faisait sentir de faire des photos avec les reflets d’une fenêtre que j’avais pu observer lors de mes autoportraits au soleil levant (rappel ICI), il y a quelques semaines.

Ce fut une séance d’exercices inhabituels pour tous les deux : Pour moi la gymnastique et pour Laurent être pris en photo.
Bouger naturellement, respirer calmement, se concentrer et lâcher prise… Gymnastique et photographie, il s’avère que c’est un peu le même exercice !
Une difficulté que Laurent ne soupçonnait pas, mais après quelques clichés et une confiance partagée, le voici concentré, serein et détendu devant mon objectif.

Reflets. Réflexions. Le résultat est là.
J’aime la force et la douceur mêlées, les histoires qui passent à cet instant là dans son regard, mystérieuses et secrètes.
Des histoires à suivre… On recommencera.

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Lafabe

Exposition d’artistes dans l’abbaye de Charlieu dans la Loire…
En arrivant, on m’annonce : « Tu verras, Lafabe est en robe et talons hauts, trop belle ! »
Tiens, ça ne lui ressemble pas de porter ce genre de vêtement ! Ben oui, Fabienne, Lafabe, est belle et bien en robe et talons hauts ! Après la visite de l’exposition, je décide de la prendre en photo. On inverse les rôles, je ne suis plus son modèle, mais le photographe. Pas beaucoup de temps, elle est sur son stand et de mon côté je suis attendu. Vite trouver un endroit dans cette superbe abbaye investie par une bonne dizaine d’artistes. Trop d’œuvres, trop de couleurs, trop de monde, je veux de l’espace, du vide…
Dans la cour d’entrée, un encadrement de porte en pierre dorée m’interpelle. La couleur de la porte est en harmonie avec la robe et le tout fait un cadre parfait pour mettre le sujet en valeur. Ce sera là !
A partir de cet instant je n’ai plus rien à faire car après quelques hésitations, Fabienne trouve elle-même comment poser. Mouvement, poses, rires… Rien à diriger, je suis spectateur.
Voici un triptyque de cette séance, courte et rapide.

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J’ai posé nu pour Spencer Tunick

Je ne me sens pas à l’aise avec ma nudité, qui plus est devant du monde, et je crains la foule. Alors qu’est-ce qui m’a poussé à me dénuder parmi 700 personnes ce 20 août à Aurillac ?
La réponse ? Spencer Tunick. Faire partie de son œuvre, aussi petite que soit ma participation. Pour le photographe que j’admire, pour son art.
Le festival de théâtre de rue d’Aurillac fête ses 25 ans d’existence et pour l’occasion, les organisateurs ont invité le photographe pour une de ses fameuses performances. Je me suis inscrit 10 jours auparavant et je reçois une convocation 3 jours avant de partir pour Aurillac. Le rendez-vous aura lieu à 5h15 du matin, c’est tout ce que je sais. Tout reste secret, rien de doit être dévoilé, du lieu, de la photo ni du nombres de participants. Une seule information a circulé, il y aura des parapluies, en hommage à René Magritte. Bel accessoire ! Ça promet d’être beau tous ces parapluies, déployés ou non…

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Jeudi 19 août. Je reçois un SMS à 23 heures avec les informations pratiques. Un bus nous attendra parking P1 pour nous emmener sur le lieu secret.
Vendredi 20 août. Le réveil sonne à 3h50 ce matin. Appréhension mais délicieuse inquiétude. A 5h15 je suis bien sur le parking P1, il y a là un bus avec une étrange destination qui clignote dans la nuit : SPENCER TUNICK ! On nous débarque après un petit quart d’heure de route dans la ville endormie. Une masse humaine se déplace silencieusement, venue de toute part. Il y a là des festivaliers qui ne se sont pas couchés, encore imbibés d’alcool, qui chahutent un peu, et d’autres qui viennent tout juste de se réveiller…
On grimpe sur un chemin goudronné, puis on attend. On fait la queue pour signer un papier cédant un droit à l’image, la notre. Photo et vidéo comprises et on « assume tous les risques de dangers liés à cet évènement d’art ». Soit ! Je donne mon papier à l’une des dizaines de personnes assises derrière des tables alignées. Il y a là un micro de France Inter. On fournit un sac plastique blanc à ceux qui n’ont rien pris pour mettre leurs vêtements , j’avais pour ma part apporté un sac de sport. On prend au passage un parapluie noir et on remonte cette petite rue jusqu’aux champs qui bordent Aurillac.
Dans l’obscurité on devine l’échafaudage du photographe, monté tout en haut du pré. J’imagine déjà la photo prise dans cette herbe avec la ville en fond, mais dans quelles positions va-t-il nous faire poser ? Serons-nous allongés ? Debout ?
On attend que le jour se lève… Les plus jeunes ricanent, friment un peu le torse nu, fument et finissent leurs bières, allongés sur le sol. D’autres grignotent.
On vient enfin nous parler, ce n’est pas trop tôt ! C’est dans un mégaphone éraillé qu’on nous donne les premières consignes et qu’on nous remercie de notre présence. Au signalement, on grimpe donc en haut du terrain un peu accidenté, en slalomant entre les bouses de vaches. Il y a là un groupe de journalistes armés de caméras et de télé-objectifs sur pieds, parqués dans un espace bien déterminé.
Au sommet nous attendent les lettres de l’alphabet piquées au sol, un repère pour nos effets personnels. Je choisis le K qui se trouve un peu au milieu dans un creux avec des arbres à l’arrière qui me plaisent bien. Attente. Un coq chante au loin, la nature est belle… Ça sent bon.
Le mégaphone nous annonce l’arrivée de Spencer Tunick qui se fait rapidement, sous les applaudissements des fidèles, et nous traduit chacune de ses paroles :
« Je suis heureux de ne pas avoir à chanter sous la pluie.  Je ne veux pas seulement que vous preniez du bon temps, mais que vous ayez conscience de participer à un travail artistique ».
Il nous explique une à une les prises de vue qu’il a préparé et les poses que nous devrons prendre. Les hommes, les femmes, les parapluies… Pas de bagues, pas de colliers, pas de bracelets, pas de montres, pas de chaussettes, pas de sourires aux lèvres, et on doit respecter les indications du chef. Les gens tatoués et ceux qui ont des traces de maillot de bain se placeront au fond. Il nous présente un à un ses assistants pour la photo, vidéo et organisation. Applaudissements général.
Disciplinés, nous regagnons notre lettre alphabétique et attendons le signal pour nous dévêtir. Il est 7 heures du matin.
Le mégaphone crie alors « Déshabillez-vous ! » Ça y est ! On se met à nu très rapidement comme il était demandé, on s’arme de nos parapluies déployés et en avant ! Je fais le vide dans ma tête, je ne pense à rien. Ça ricane un peu, mais rapidement les regards se font complices et le silence s’installe. Là, une vision surréaliste s’offre à mes yeux ! Il n’y a plus de ciel, mais un nuage noir au-dessus de ma tête, 700 corps rosés en dessous et le vert de l’herbe que nous foulons, c’est d’une beauté irréelle ! Graphique. Quel spectacle magnifique pour nos yeux et ceux de Spencer Tunick ! Quelle belle idée ! Que c’est beau ! J’en tremble d’émotion…
Et quelle sensation étrange de se retrouver nu dans la rosée du matin, un parapluie ouvert, parmi tous ces gens inconnus ! Unique.

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Photographie Jean-Pierre Thibaudat

L’armée de Mary Poppins se déplace au ralenti. On zigzague sur ce terrain en pente, entre bouses de vaches et chardons, pour trouver notre place dans le pré. Il nous faut le recouvrir en entier, entre 2 cordons noirs tendus aux extrémités. « Bouchez les trous ! » crie le mégaphone. On bouge, les assistantes nous déplacent un peu. J’entends le crépitement des déclencheurs des appareils photos de la presse sur ma droite. Je me protège à l’aide de mon parapluie, tant que la séance n’a pas commencé. Il fait un peu froid, le soleil n’est toujours pas là et la rosée du matin perle sur mes orteils. Pas de soleil, car Spencer Tunick ne veut aucune ombre portée sur le sol, pour mettre les parapluies noirs en valeurs, sans doute. Les assistantes courent, la photographe officielle photographie, les journalistes parqués mitraillent, et nous, nous restons là, nus avec notre parapluie à la main. Des riverains dans la maison d’en face sortent sur leur balcon, et prennent aussi des photos. On leur demande de rentrer chez eux. Je me sens un peu comme un animal piégé.

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Photographie Jean-Pierre Thibaudat

Nous voici en place. Une première photo avec les parapluies sur notre tête. « Regardez le sol, Spencer ne doit pas voir vos têtes ! » hurle le cône métallique.
Deuxième photo de dos, puis troisième avec le parapluie au bout d’un bras tendu à la verticale, puis tendu à l’horizontal. Remerciements.
On ordonne aux femmes de quitter le pré, pour une autre installation dans la ville. Nous, on reste là. Ordre de s’allonger sur l’herbe qui pique, un parapluie sur deux ouvert. « Beautiful, guys ! » lance le photographe, il doit être content.
J’ai hâte de voir le résultat. Un cliché grand format sera exposé sur la façade de l’Hôtel de ville demain.
Remerciements ultimes, on a déjà terminé. On replie nos parapluies à l’instant même où le soleil apparait derrière la colline, puis on remonte le pré pour rejoindre nos vêtements. Tout ce petit monde redescend vers la ville, un peu grisé par cette aventure hors du commun. Il est 8h30.
Aurillac se réveille à peine, le festival dort encore.

Voici un lien sur le reportage de France 3 : ICI

Le lendemain, rendez-vous place de l’Hôtel de Ville où le cliché est bien là, accroché sur la façade. C’est une photo de l’assistante de Spencer Tunick, mais pas la photo officielle.
Repérage… Oui, je suis bien là. Heureux et fier de faire partie de l’œuvre de Spencer Tunick.
J’imagine déjà de nouveaux sujets pour mes prochains tableaux, et peindre une nouvelle fois un hommage au travail du photographe, comme je l’avais fait après sa venue à Lyon. (Voir le post : ICI)

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Spencer Tunick est présent sur la place, accessible et disponible. Je me lance dans un anglais approximatif pour lui dire combien j’aime son travail et celui-ci en particulier.

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Oui, je recommencerai si d’aventure il venait une quatrième fois en France…
Je me lèverai aux aurores, me dévêtirai, me laisserai guider et surprendre de nouveau, imperturbable et sans entraves en suivant inlassablement les délires et la marche de l’Empereur Tunick.

Garçon modèle

« Voudrais-tu poser devant mon objectif pour moi un jour ? »
Le grand « non » qui s’imposa à moi immédiatement fit place peu à peu à un « peut-être ». Après réflexion vint un « pourquoi pas », puis un « oui ». Comme un défi à relever, car il est difficile pour moi de poser.
Les questions pleuvent alors. Comment poser ? Comment se comporter ? Sourire, être sérieux ? Regarder ou non l’objectif ? Comment avoir l’air naturel, et pas d’un idiot ? Quelles poses, quelles attitudes ? Si l’appareil ne m’aime pas, si je ne suis pas à la hauteur de l’attente du photographe…
Je décide alors de me laisser porter par Lafabe. Au diable ces questions encombrantes ! Parce que j’aime son travail, sa vision des choses et des êtres, son œil, ses cadrages si particuliers, ses couleurs surannées, et sa série « Pastel Time » pour laquelle les photos seront faites.
Plusieurs séances s’enchainèrent en 1 an : Série faussement endormi dans un lit de draps bleus, nu dans le même lit aux draps rouges, série Baroque Vénitien avec un costume créé pour le carnaval, ou alors dans la nature…
Le résultat fut étonnant à chaque fois. Surpris par les cadrages, les gros plans et les détails, sa vision de ma personnalité. J’ai aimé les photos mais elles révélèrent parfois des choses que je ne connaissais pas de moi ou que je n’aime pas vraiment. Je me suis vu différemment. Difficile de se regarder à travers un autre œil, de se voir autrement. Dérangeant. Mais j’aime, tout compte fait !
Quelques clichés ont été sélectionnés, certains ont été développés et sont en vente aujourd’hui. Voici ces photos que j’aime beaucoup…
Dis Lafabe, c’est pour quand la prochaine séance ?!

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Voici le lien sur le blog de Lafabe : ICI

La liberté de la fesse

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Un groupe d’étudiants de Sciences Po à Lille, est à l’origine de cette idée loufoque, simple et audacieuce :
poser nu devant les plus beaux paysages du monde, toujours dans la même position, de dos, un bras levé au ciel. Avec humour, ils ont appelé  leur projet « La Liberté de la fesse ».
Lancé un peu comme une plaisanterie, les clichés rapportés se révèlent d’une beauté pure et naturelle, par la simplicité d’un corps nu exposé à notre regard peu habitué à voir de telles mises en scènes. Les acteurs n’hésitent pas à s’exhiber en pleine ville à Bordeaux, sur un taxi en Inde, sur le pont des Soupirs à Venise, sur la grande muraille de Chine, sur le mur des lamentations à Jérusalem…
La nudité et la fragilité d’un être face à son environnement, à la nature ou à l’urbain rejoint un peu le travail de Spencer Tunick, sans l’accumulation de participants. Peut-être encore plus fragile ?
Nous avons bien là un concept artistique sans frontières, sans fin, ouvert à toutes et à tous…
La liberté, tout simplement.

J’ai choisi dans l’ordre, des clichés pris en Afrique, en Syrie et à Londres.
Vous pouvez retrouver sur leur site d’autres photographies, sur un globe à faire tourner
Pour la liberté de la fesse : ICI

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Droits photos

droitsphotos21Petit rectangle rouge supplémentaire et nouvelle page en haut de mon blog, concernant les droits des photos.
La photographie étant un art, il n’est pas autorisé de s’en servir comme on en a envie, au même titre que la reproduction d’un tableau. Pour beaucoup (trop) de monde, la photographie est simple, à la portée de tout le monde et n’est pas considérée à sa juste valeur. J’ai entendu des choses surprenantes à son sujet, même dans le monde de l’art, étonnement.
Autant que je le peux, je demande le droit d’utiliser les photos que je trouve sur internet. Parfois, il n’y a pas de nom ni d’information concernant certaines images, c’est pour cette raison que je viens de mettre en ligne cette nouvelle page.
J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont autorisé à utiliser leurs photos, et également ceux qui m’ont demandé d’utiliser les miennes.

Pour illustrer Droits photos j’ai voulu représenter à la manière d’un autoportrait cet appareil photo qui m’accompagne chaque jour pour présenter mon travail, mon quotidien et tout ce qui illustre les Catégories de ce blog. Comme j’ai hésité entre 2 photos de la série, voici celle qui n’a pas été retenue pour figurer dans ces « Droits Photos ». Vous pourrez découvrir l’autre en allant voir cette nouvelle page…

La Comtesse de Castiglione

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Voilà une femme exceptionnelle, artiste visionnaire d’une incroyable modernité, mais incomprise en son temps. On salue aujourd’hui son oeuvre artistique, singulière et prémonitoire.

Juillet 1856, la jeune Comtesse de 19 ans pousse la porte du célèbre atelier qui photographie les gens du monde, Mayer & Pierson. Elle reviendra régulièrement se faire tirer le portrait durant 40 ans.
Femme sans doute la plus photographiée de son temps, on sait qu’en 1913, Montesquiou possédait 434 clichés. Il fut ébloui par sa célèbre beauté :
« Je n’oublierai jamais l’émotion qui s’empara de moi le jour où j’appris qu’une femme vivait derrière les persiennes constamment closes d’une certaine encoignure de la place Vendôme et que cette femme était celle dont le nom était synonyme de beauté ».

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La photographie de mode n’existait pas encore et la comtesse de Castiglione invente le genre en se mettant en scène. Elle n’est pas un modèle passif, elle célèbre elle-même son image, de façon inventive, avec des poses inattendues, des vêtements qu’elle dessine et qu’elle crée, des accessoires qu’elle choisit avec grand soin, mettant en valeur son corps et bousculant sans complexe les codes de l’époque pour sublimer son image.

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Un jour elle lance au photographe :
« Avez-vous bien conscience de ce que Dieu accomplit pour vous en vous faisant le collaborateur de la plus belle créature qui ait existé depuis le commencement du monde ? »
Elle donne un titre à chaque photographie. Sous l’un de ses portraits, en 1861, elle copie ces deux vers :
« En voyant la Douleur si belle, Qui pourrait vouloir du Bonheur ? »

Dans les années 1880, elle sombre dans l’anonymat et la neurasthénie, elle s’enferme dans son hôtel situé au 26 de la place Vendôme et ne sort que la nuit, pour ne pas qu’on voit ce que le temps a fait subir à sa beauté.

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Elle finit pas détruire tous les miroirs de son appartement, mais continua de « célébrer chaque jour les funérailles de sa beauté » en posant devant l’objectif.
Alors que personne ne pouvait la voir à la lueur du jour, seuls les photographes avaient droit de regard sur la progression de la vieillesse sur son visage et son corps.
Elle mourut en 1899, à l’âge de 62 ans, et fut inhumée au cimetière du Père Lachaise.

Ces moments de pose n’étaient-ils pas l’essence même de sa vie ? Ne voulait-elle pas tout simplement rendre immortel ce qu’elle avait de plus
précieux, sa beauté, qu’elle voulait ériger au rang d’œuvre d’art ?
A son époque ce comportement était choquant. Serait-il perçu de la même manière aujourd’hui ?
On pense à Cindy Sherman et ses autoportraits obsessionnels, et au travail de Sophie Calle, entre autres…
La comtesse de Castiglione, n’était-elle pas tout simplement en
avance sur son temps ?

Un livre magnifique retrace son parcours photographique avec 130 clichés.

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Hippolyte Bayard

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1840. Pour la première fois un photographe se représente nu, et dans une mise en scène.
Hippolyte Bayard se montre en noyé, abandonné à la morgue (lire ci-dessous le texte explicatif se trouvant au dos de la photo) pour dire la tragédie de son désespoir, ne pas être reconnu pour ce qu’il vient d’inventer.

Allégorie de la solitude de l’artiste et du créateur ?

Hippolyte Bayard naît dans l’Oise en 1801. Il gagne Paris où il suit une formation artistique puis s’intéresse aux procédés de reproduction photogénique.
En 1839, il met au point un procédé qui lui permet d’obtenir directement des images positives sur papier, à l’aide de chlorure d’argent. Principe des pellicules Polaroïd actuelles.
Sa découverte du positif direct apparaît comme une alternative au daguerréotype qui est en plein essor. Mais Bayard ne peut obtenir la reconnaissance officielle de l’académie des Sciences, ni celle des savants et de la presse. D’où sa déception, et cette photographie en noyé suicidé.
De façon très habile, il détourne ici à son avantage les inconvénients de la technique photographique. La durée d’exposition étant très longue, (entre 30 minutes et 2 heures !) Bayard se représente mort, appuyé contre une colonne, lui permettant ainsi de garder l’immobilité nécessaire pour sa prise de vue.

Pour l’histoire, Bayard finira par obtenir la reconnaissance de l’académie des Beaux-Arts et déposera son brevet à l’académie des Sciences, fin 1839.
Il meurt en 1887, oublié de tous.

Voici le texte qu’il écrivit au dos de cette photo :

« Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir, ou dont vous allez voir les merveilleux résultats. A ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait de perfectionner son invention.
L’Académie, le Roi et tous ceux qui ont vu ses dessins que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé. Oh ! Instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la morgue, personne ne l’a encore reconnu, ni réclamé. Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la tête du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer. »

Olivier Valsecchi

Le jeune photographe Olivier Valsecchi vient d’obtenir le Grand Prix de Photographie de l’ETPA de Toulouse.
Voici quelques photos de son extraordinaire série « Dust ».
Oui, bien sûr, les photos sont belles mais pas seulement. Elles dégagent quelque chose d’unique, d’inattendu, qui parle et inspire des émotions. Ce n’est pas juste du nu académique, il y a ce grand travail de recherche, cette idée magnifique d’utiliser cette matière insolite et peu habituelle qui habille les modèles, les poses parfois maniéristes comme un instant suspendu, et une lumière qui magnifie le tout.
La poussière qu’on ne veut jamais voir, qu’on traque et qu’on chasse, et qui est mise ici en pleine lumière…
Comment une telle idée a pu germer dans un esprit ? Et comment traduire et réaliser cette envie là ?
C’est simplement d’une émouvante perfection.

Pour découvrir son travail, le site d’Olivier Valsecchi : ICI

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Willy Ronis. Un géant nous quitte…

Le photographe Willy Ronis vient de nous quitter à l’âge de 99 ans.
J’avais posté un article il y a quelques semaines lors de la rétrospective de ses œuvres à Arles…
Inventeur avec Doisneau et Cartier-Bresson de la photographie humaniste, connu pour ses vues du Paris d’après-guerre, le dernier grand photographe de sa génération s’en va, et toute une époque avec.

Revoyons « les amoureux de la Bastille » ainsi qu’un autoportrait…

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A nu pour Spencer Tunick

stunickLe photographe était venu à Lyon pour une performance il y a exactement 5 ans, jour pour jour. J’avais fait plusieurs « montages » pour rendre hommage à son travail Lyonnais : Des personnages de tailles, de couleurs et de corpulences différentes, côte à côte et posant nu face à la saône…
Aujourd’hui, il revient en France pour la seconde fois, et pour de nouveaux clichés, le 3 ou 4 octobre, dans le sud de la Bourgogne.

spencerGreenpeace propose de se dénuder dans un vignoble bourguignon devant son objectif. But de la manifestation : sensibiliser le plus grand nombre sur les changements climatiques.
« Organisation écologiste cherche volontaires prêts à poser nus au milieu des vignes pour incarner la vulnérabilité de l’homme face aux changements climatiques ».
A travers ce qu’elle décrit comme une « mobilisation artistique et militante pour les vins français », l’organisation internationale souhaite attirer l’attention sur les impacts des changements climatiques qui « se font déjà sentir partout dans le monde ».
« Précocité des vendanges, grêles et chaleur à répétition, les effets des changements climatiques ne sont pas une fiction pour les viticulteurs », souligne Anaïz Parfait, de Greenpeace France, dans un communiqué du jeudi 3 septembre 2009.

Depuis une quinzaine d’années, l’artiste américain Spencer Tunick a organisé plus de 75 mises en scène à travers le monde, réunissant des centaines ou milliers de volontaires, posant nus, qu’il décrit comme des « sculptures vivantes ».
Cette fois encore, je ne serai pas disponible pour participer à cette aventure artistique !
Mais si vous voulez vous inscrire, c’est ICI

Petit ministre

C’est bien notre tout nouveau ministre de la culture que voilà…
Frédéric Mitterrand pris en photo par Tana Kaleya, en 1970.
Photographe d’une époque où l’on aimait les femmes et jeunes filles en fleur à grands chapeaux, accompagnées de colombes, le tout baigné dans des flous et des couleurs un peu trop douces. Mais il y eu aussi des portraits comme celui-ci.
Ce cliché est intéressant car il y a toutes les annotations en vue du tirage définitif qu’on peut ainsi imaginer… Avec un peu plus de lumière dans les cheveux et sur le bas ventre, la mâchoire sortie, le ligne du bras atténuée, un espace entre les jambes et le sexe moins masqué…
Tana Kaleya expose jusqu’au 10 septembre à Carcassone dans la Maison du Chevalier ses peintures et ses photos, dont le tirage original de cette ébauche.

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