Frida Kahlo par Guillermo Kahlo

Frida. Guillermo Kahlo. Mexico. 1932

« Quand mon père me photographia en 1932 après l’accident, je savais que mon regard trahissait les souffrances qui me déchiraient. A dater de ce jour, je me mis à fixer l’objectif de l’appareil photo sans broncher ni sourire, bien décidée à prouver que je lutterais avec courage jusqu’à la fin. »

Isabelle Adjani par Youssef Nabil

Rencontre entre Isabelle Adjani et l’artiste égyptien Youssef Nabil pour L’Officiel Art.
Depuis les années 90 cet artiste passionné de cinéma construit une œuvre singulière. Qu’il photographie ses amis, de célèbres actrices et acteurs, ou encore lui-même, il met tout d’abord en scène son sujet avec un travail très précis sur la pose et colorise ensuite, à la main, le tirage noir et blanc. Le résultat donne des images colorées, avec un côté suranné qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère des films classiques égyptiens.
Le résultat de cette collaboration avec Isabelle Adjani sera dévoilé aujourd’hui même dans le prochain numéro du magazine.

J’avais parlé de Youssef Nabil, ICI et

Daniel au ciel…

Triste jour que ce jour. Voici que Daniel a décidé de rejoindre les anges…
Ce garçon révolté devenu professeur d’arts plastiques suivait mon travail avec attention et me faisait part régulièrement de son avis quant à ma peinture. Il n’était pas avare de compliments et sans doute pas assez sévère. Outre mon travail, il était follement amoureux de cette série de photographies que nous avions fait ensemble durant ce qu’il appelait son « hiver spirituel » et ne cessait de les montrer fièrement. Aussi fier de son image que du peintre-photographe, répétait-il !
En hommage, voici 2 nouvelles images qu’il aurait probablement aimé. La première dans l’herbe fraîche où il avait décidé de s’abandonner pour une trêve silencieuse. On entendait juste le bruit d’un vent léger et celui des insectes qui virevoltaient autour de nous. Un peu de repos pour cette âme agitée, sous un ciel animé. Il avait fermé les yeux pour mieux entendre le silence et la vie qui s’était enfin adoucie. Entendre aussi mon regard sur lui, puisque quelqu’un le regardait enfin. Il était beau Daniel. Il ne le savait pas. Il était amoureux. Il ne le savait pas.
Et puis cette seconde image avec un Christ en croix en premier plan, le regard baissé pour mieux se dérober et cacher ce qu’on pourrait y lire. Je ne me suis jamais rendu compte que son regard ne croise jamais le mien sur aucune image de cette série. Peut-être était-ce déjà trop pour lui de se montrer et qu’il avait préféré rester ainsi, dans ses pensées, pour mieux s’abandonner.
Daniel rime avec passionnel, étincelle, ciel, spirituel. Un ange avec des ailes… intemporel et éternel.
Je t’embrasse tendrement là où tu t’envoles…

Images © Christophe Renoux

Hugo à l’eau

Le printemps tarde à venir et on attend les beaux jours avec impatience. Mais bientôt, assurément, le soleil brillera pour nous réchauffer le cœur et le corps.
Pour patienter, voici un air d’été. C’était il y a quelques mois, en pleine canicule. La rivière et l’ombre des grands arbres furent une parenthèse de fraicheur dans un air lourd et irrespirable.
Ce jour là, Hugo accepta de se mouiller un peu, beaucoup… et de se dévoiler un peu, beaucoup.
Rêve d’été pour attendre encore un peu ces délicieux instants où la fraîcheur est salvatrice, illustré par le poème Chaleur d’Anna de Noailles.

Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre
S’élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.

 Anna de Noailles (1876-1933)
(Extrait de L’ombre des jours. 1902. Edition Calmann-Lévy)

Images © Christophe Renoux

 

 

Eva Ionesco gagne son procès contre sa mère

Eva Ionesco lors du festival de Cannes en mai 2011. © AFP/Archives-Valery Hache

Eva Ionesco gagne enfin son procès contre sa mère qui lui a volé son image et une partie de son enfance.
Il y a quarante ans, Irina Ionesco photographiait sa fille, alors âgée de 4 à 12 ans contre son gré, dans des pauses suggestives, érotiques et parfois très crues. On découvre la fillette de 11 ans nue en couverture du Spiegel du 23 mai 1977. Mise à l’écart par ses camarades de classe, privée d’une vie ordinaire et victime d’une «prostitution déguisée» selon son avocat Me Jacques-Georges Bitoun, elle décide d’attaquer sa mère en justice pour atteinte au droit à l’image et à la vie privée. Eva Ionesco demandait 200 000 euros de dommages et intérêts à sa mère.
Irina Ionesco vient d’être condamnée ce lundi à lui verser 10 000 euros. Le tribunal a ordonné la restitution d’un certain nombre de négatifs, mais étrangement a rejeté la demande d’interdire à la mère d’exploiter les photos litigieuses.
Le conseil d’Eva Ionesco avait estimé que la « liberté » ne devait pas être « mêlée » aux « horreurs » de ces photos qui montrent la fillette « en bas résilles » exhibant son sexe. Son contradicteur avait quant à lui estimé que les faits étaient prescrits, et qu’Eva Ionesco était animée d’une « haine », d’une « rage » contre sa mère.

Eva Ionesco, devenue réalisatrice, a raconté son histoire dans son film « My Little Princesse » avec Isabelle Huppert, présenté au Festival de Cannes en 2011.
Bande annonce du film :

Arnaud au lierre

En trois images, suite de mon travail avec Arnaud, comédien.
Travailler l’androgynie, jouer avec la confusion, brouiller les pistes et ne penser à rien d’autre qu’une image où se mêleraient les couleurs pastels d’une peinture d’autrefois et le trouble d’une identité.
Ne pas trop accentuer, ne pas surjouer, ne pas en rajouter, mais rester naturel en gardant la personnalité du modèle.
Un dos qui semble féminin mais qui se métamorphose en un corps de garçon.
Adam et Eve réunis dans la même personne ? Je crois qu’il manque une pomme dans cette histoire là.

 

 

 

Arnaud au petit théâtre rouge

Voici quelques photographies d’Arnaud, jeune comédien à l’allure plutôt inspirante.
Un jour entier pour inventer des histoires, des rôles, des images. Avec un partenaire si généreux et si patient qui semblait n’avoir aucune limite pour être le mieux possible devant l’objectif.
Diriger, mettre sur la voie, se rapprocher de ce qu’on a envie de raconter, de ce qu’on a dessiné dans sa tête comme sur le papier…
Arnaud au petit théâtre rouge, ou la danse d’un faune. Élégance du geste. Improvisations corporelles d’un jongleur de lune.
Ce furent les derniers clichés de la séance qui dura toute la journée, le soir tombait et la fatigue aussi.

A suivre…

Image © Christophe Renoux

 

Vœux d’un photographe

Voici les vœux de mon ami Jean-Luc Mège pour cette année 2012.
Photographe vivant aujourd’hui à New York, ses reportages aux quatre coins de la planète nous montre la vie « vraie ». Dans son œil d’artiste et d’éternel enfant, il n’y a pas qu’un esthétisme parfait mais aussi une vraie volonté de trouver de la joie dans chaque visage. Mêler la réalité aux sourires même quand la fragilité de la vie se fit sentir, voilà sa force. Parfois le grave surgit. Un visage, un regard poignant. Le réel terrible, parfois dégoupillé par un éclatant sourire. Des images terriblement belles.
Cette photo ci-dessous résume ce que j’aime dans son travail : les rires et la joie dans les regards, même quand il n’y a plus grand chose autour de soi. D’un optimiste fracassant.
(Les petits chiffonniers de Phnom Penh, un reportage sur les gamins qui vivent sur cette immense décharge.)

Deux sites pour retrouver les reportages de Jean-Luc : le nouveau en anglais  ICI et
Vous trouverez le lien sur son nouveau site en permanence dans la liste à droite de ce blog.

Autoportrait. Par Olivier Valsecchi

Pourquoi se mettre à nu pour un autoportrait ? Qu’est-ce qui pousse à se révéler ainsi ?
Des questions qui trottent dans ma tête… J’ai mes réponses, mais qu’en est-il des autres ? Il doit y avoir d’autres explications que je n’imagine pas.
Alors je pose ces questions là au photographe Olivier Valsecchi qui a travaillé sur ce thème. Le nu, il en a fait son arme, sa marque. Un style difficile qu’il dépoussière, entre autre, avec cendre et lumière pour son merveilleux travail de sa série « Dust » (pour revoir le post, c’est ICI )
Voici sa réponse, lumineuse :

« Pour répondre à ta question je pose nu car je n’aime pas les vêtements d’une façon générale en photo, la nudité est intemporelle, le vêtement marque une époque et une mode. Le choix des vêtements est quelque chose de toujours très compliqué et j’élude ce problème pour plus de facilité.
La nudité est naturelle pour moi, je n’en fais pas un pataquès. Je n’ai pas l’ombre d’un tabou et le sexe masculin est encore très… tabou.
Aussi, la photo permet de s’exposer d’une façon qu’on a généralement pas l’habitude de voir en vrai autrement que sur une plage naturiste. La nudité ajoute alors un élément de fiction, quelque chose qui n’existe pas.
Je n’ai pas du tout le sentiment de me révéler rien qu’en posant nu. Je me révèle bien davantage dans le sens des images que par mon simple corps qui n’est autre qu’un vêtement de chair, une couche, cela ne me représente pas. Je ne suis pas matériel, tout ce qui est physique et palpable a très peu d’intérêt.
Le vêtement a une fonction sociale, que j’imagine mal dans mes photos dans la mesure où je m’attache à une ambiance et un sens plutôt qu’un descriptif environnemental. »

Le site d’Olivier Valsecchi, ICI

Jane Morris

"The Blue Silk Dress". Dante Gabriel Rossetti. 1868

Le peintre, poète et écrivain Dante Gabriel Rossetti (12 mai 1828 / 10 avril 1882) était si amoureux de la jeune Jane Morris qu’il ne cessa de la dessiner et de la peindre jusqu’à sa mort.
En 1865, il commanda au photographe John Robert Parsons une série de clichés qu’il mit lui-même en scène dans le jardin de sa maison londonienne. Un cou long et fin comme celui d’un cygne, une chevelure sauvage, une robe sans corset qu’elle avait dessinée elle-même, et des poses inhabituelles où son corps se courbe, se tord et ondule sous les ordres du peintre, l’image de Jane ressemble à une déclaration d’amour.
Quelques années plus tard, le tableau « The Blue Silk Dress », où elle pose là encore dans une robe qu’elle a cousu sous les conseils de Rossetti, sera inspiré par ces photographies.


On peut voir les photographies originales de cette superbe série dans l’exposition « Une ballade d’amour et de mort » qui a lieu au musée d’Orsay jusqu’au 29 mai. Un titre bien étrange pour expliquer le lien étroit entre photographie victorienne et peinture préraphaélite. Une belle exposition riche en documents.

Il y a 1 an, voyage en Chine

Voilà un an exactement que je m’envolais pour la Chine, découvrir sa région sauvage et encore préservée du Guizhou.
Chaque voyage est parsemé de multiples rencontres et ces visages, ces instants partagés, restent immanquablement dans nos mémoires. Instant précis où le hasard nous a mis sur le même chemin… Pendant cette année, je n’ai cessé de penser à ces gens là.
Que peuvent-ils faire à ce moment précis, à des milliers de kilomètres ?
Ce monsieur imperturbable avec sa pipe est-il assis là régulièrement, chaque jour ? Ce petit garçon va-t-il à l’école, peut-être a-t-il fait une bêtise aujourd’hui, comme tous les petits garçons du monde entier. Ces grand-mères en noir, alignées les unes à côté des autres sont-elles toutes là aujourd’hui ? Cette femme a eu combien de vêtements à coudre aujourd’hui ? Et cette autre, aux rides magnifiques, qui riait en disant « mais pourquoi vous me prenez en photo ? Il y a plein de femmes plus jeunes et plus belles que moi ! » , elle s’occupe certainement de sa terre, tout en haut de ces montagnes inondées de rizières, inlassablement, comme chaque jour. Cet enfant triste court-il toujours dans les ruelles de son village. Et tous les autres… Que font-ils, comment s’est passée leur journée ?
Une année s’est écoulée et toujours un projet de livre qui ne veut pas venir. Ces visages m’intimident peut-être. Ces visages que je n’oublie pas. Pas seulement parce qu’il y a les photos, mais pour les instants échangés, parfois furtifs, parfois longs. Pour les rires dans les yeux ou pour un regard grave ou inquiété, pour la fierté de montrer son enfant ou un morceau de sa vie quotidienne. Pour la joie et le partage.
La Chine. Le Guizhou. Inoubliable…
Voici quelques uns des visages qui m’ont accompagné cette année.

Photo Christophe Renoux

Spencer Tunick à Aurillac. Suite…

Je reçois ce matin par la Poste ma photographie de Spencer Tunick, envoyée à tous les participants en remerciement de notre collaboration (Pour lire le déroulement des prises de vues c’est ICI )
Il était bien tôt ce matin là, afin de ne pas avoir d’ombres portées avec le soleil qui allait se lever, pour bien mettre en valeur les parapluies graphiques, hommage à René Magritte. Ce jour là, nous étions 700 personnes à avoir abandonné vêtements et pudeur pour suivre les indications millimétrées du photographe.
Souvenir…