Isabelle Adjani

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En voyant Isabelle Adjani sur scène samedi dernier à Lyon, je me suis dit que j’avais devant moi la jeune fille à la gifle, Adèle H, Émilie Brontë, la possédée de Possession, Elle de l’été meurtrier, Camille Claudel, la reine Margot… Tout un monde que la comédienne emporte avec elle. Inévitablement.
Illustration de son rôle d’Agnès à 17 ans dans « L’école des femmes ».

Elvis

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Il y a tout juste quarante ans, Elvis Presley disparaissait.
Ses ventes de disques, sa popularité et sa légende sont toujours intactes et aujourd’hui 16 août, 50 000 fans sont attendus à Graceland, sa célèbre résidence à Memphis dans le Tennesse.
Il y a quelques années déjà, j’avais réalisé ce portrait du chanteur à mon retour des États-Unis.
Eternel…

« Ceux de chez nous »

« Je rêvais d’une encyclopédie nouvelle… ». En 1915, Sacha Guitry a filmé « selon ses goûts » les plus grandes personnalités de son temps en réaction à une proclamation des intellectuels allemands exaltant la culture germanique. Il les capte « dans leurs attitudes les plus familières, c’est-à-dire au travail, chaque fois que cela fut possible ».
On y découvre Edgar Degas, Claude Monet, Auguste Renoir (et son jeune fils Claude Renoir), Octave Mirbeau, Auguste Rodin, Anatole France, Edmond Rostand, André Antoine, Sarah Bernhardt, Jane Faber, Camille Saint-Saëns…
La version muette de 1915 durait 22 minutes. Elle était destinée à être projetée accompagnée d’une « causerie familiale faite par l’auteur ». En 1939, Guitry en fit une version sonorisée, avec commentaire, dans laquelle il ajouta les plans de son père Lucien Guitry qui ne figuraient pas dans la version originale.  « Ceux de chez nous », la version finale remaniée en 1952 dure 44 minutes, avec des plans de Guitry dans son bureau, qui présente et commente les images.

Ce qui est intéressant dans les extraits ci-dessous, au-delà du fait que ces films datent tous de plus de 100 ans, c’est de découvrir les visages de Rodin, Renoir, Monet… chez eux, dans leurs ateliers ou dans la vie quotidienne. Chacun de ces films courts et muets ont quelque chose de magique car ils nous offrent le privilège d’assister à des instants révolus mais néanmoins éternels.

Le complexe de Mona

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Alors que je ne m’y attendais pas, Mona ouvrit la bouche pour casser son énigmatique sourire et me dit :
– S’il vous plaît… dessine moi des sourcils.
– Hein !
– Dessine moi des sourcils.
Elle m’expliqua qu’elle était admirée chaque jour, sauf le mardi, depuis tant de temps et qu’elle a toujours eu ce complexe de ne pas avoir de sourcils.
Elle rajouta en haussant les épaules que personne ne s’en rendait compte mais qu’elle n’a jamais été très à l’aise sans ce détail et se sent un peu ridicule par rapport à ses amies d’à côté.
Une mèche de cheveux tomba sur ses épaules qu’elle remit en place d’un geste gracile et me tendit son front.
– S’il te plait…
Je pris mon pinceau et dessina délicatement les sourcils désirés. Ses yeux brillaient.
Une fois la tâche terminée, après un soupir d’aise et un coup d’œil sur son décolleté, elle remis son sourire sur ses lèvres et s’immobilisa de nouveau en prenant la pose.
Mona souriait…

Première lettre

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Ce soir je suis né.
Une dernière touche de lumière pour éclairer le blanc de mon œil, et puis un blanc de Titane mélangé délicatement à une pointe de bleu de Prusse et me voilà avec le regard vif, prêt à regarder la vie qui s’offre à moi. La dernière touche m’a-t-il murmuré. Mon peintre avait bien écrit un petit texte plein d’amour à mon égard, qui m’a tendrement ému et amusé… Oui, il y eu des jours et des nuits de face à face, à résister, à se battre, à s’entendre et à se désaimer… C’est rempli d’émotion que j’écris à mon tour mes premières lignes, moi qui n’étais rien il y a encore une semaine, à peine une idée esquissée dans un esprit en liberté. On ne nous laisse jamais la parole à nous autres, les sujets peints, et pourtant…
Ni lui ni moi ne savons ce que je deviendrai… Nous serons séparés un jour, c’est certain, mais notre rencontre inattendue un soir de printemps, à coups de crayon et de pinceaux restera gravée, ou plutôt peinte, dans ma mémoire de papier. Je ne suis pas triste et aucune larme ne pourra délaver les couches de lavis posés là sur mes joues. Peut-être mélancolique, je ne me connais pas encore très bien.
Ce soir je suis né. Je serai bientôt exposé à d’autres yeux, qui me scruteront, me critiqueront… On m’aimera, on me détestera peut-être ou bien je laisserai indifférent, mais je resterai droit, sans jamais fléchir. Car peu m’importe les critiques, seul son regard à lui m’est vital puisque c’est lui qui m’a porté jusqu’à vous.

Le garçon à la coccinelle.

Le chat buissonnier

Voici un nouveau texte qui accompagne un tableau vendu, pour en expliquer son sujet :

« Voici un tableau peint pour une exposition en duo avec Nathalie Guet Desch.
Nous avons travaillé en parallèle avec facilité, nos sujets étant assez proches. Mais pour ce tableau, si l’on retrouve la douceur des sculptures de Nathalie, j’ai voulu des formes généreuses pour les deux sujets.
Le chat joue avec la mèche de cheveux de la femme qui joue avec la queue du chat, un cercle qui amplifie la construction du tableau tout en rondeur. Le décolleté sert d’encadrement à la scène. Le format carré a été choisi pour cadrer cette ronde. Les papillons symbolisent la légèreté, parce qu’on peut être à la fois ronde et légère, c’est la nature qui décide ! La nature qu’on retrouve ici avec les fleurs dans les cheveux, les motifs de la robe et le branchage en collier. »

Eléonore d’Or

On me demande souvent d’expliquer mon travail. Et parfois de le faire par écrit, comme c’est le cas pour cet tableau qui a été vendu dernièrement. Voici le texte qui l’accompagnait.

« J’ai voulu un monochrome or, composé d’un mélange de différentes matières dorées, papiers divers, et peinture, de façon à ce que la lumière joue avec, pour un scintillement changeant. Selon son éclairage, il brille différemment.
Cet or est construit pour mettre le personnage en valeur, avec cette peau blanche qui se détache du fond qui peut parfois devenir sombre.
Il m’a semblé que ce jeu de lumière qui éclaire Eléonore serait idéal pour cet hommage à la peinture du Gustav Klimt que j’admire depuis l’enfance, et qui perdure encore aujourd’hui.
Le titre du tableau fait partie du sujet, et le jeu de mot autour de l’or renforce cette idée du monochrome. »

Image © Christophe Renoux

Hold Your Horses

Voici le nouveau clip du groupe parisien Hold Your Horses, réalisé par la boîte de production L’Ogre. Il met en scène les membres du groupe dans des tableaux mythiques allant de La Cène de Léonard de Vinci aux sérigraphies d’Andy Warhol, en passant par Frida Kahlo et Gustav Klimt. De quoi réviser son histoire de l’art de façon originale ! Belle idée et belle réalisation.

« Minotauromaquia »

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Picasso au cœur du labyrinthe de la création, à la rencontre de son œuvre et luttant contre ses démons…
« Minotauromaquia ». Brillant court métrage de Juan Pablo Etcheverry (2004) qui a reçu une multitude de récompenses. A visionner ci-dessous…

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Juan Pablo Etcheverry est né à Montevideo (Uruguay) en 1975. Il a étudié les beaux-arts à l’Université de Barcelone et a travaillé dans le domaine du multimédia comme réalisateur, scénariste et monteur.
Le site de l’artiste : ICI

Madame X

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Nicole Kidman photographiée par Steven Meisel en 1999, et Madame X peinte par John Singer Sargent en 1884.

Petite histoire de ce célèbre tableau…
1884. Sargent est un peintre américain vivant à Paris, très apprécié par le public et la critique. Cette année là, il peint le portrait de Madame Pierre Gautereau qu’il avait poursuivie pour obtenir la chance de la peindre. Sargent écrit à l’une de leurs connaissances communes :
« J’ai grand désir de peindre son portrait et j’ai raison de croire qu’elle le permettra et s’attend à ce que quelqu’un propose un tel hommage à sa beauté. … Vous pouvez lui dire que je suis l’homme d’un prodigieux talent »

Il lui faut toute une année pour achever le portrait.
Ci-dessous, la première version du tableau de Madame Gautreau, avec son fameux décolleté, sa peau si blanche et son port de tête altier, et surtout cette bretelle tombée sur son épaule. Audacieux et sensuel.

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Sargent l’expose au Salon des Beaux-Arts et déclenche immédiatement des réactions si négatives et violentes qu’il décide de quitter la France pour s’exiler à Londres. Il remet en place la bretelle pour tenter d’apaiser le scandale, mais le mal est fait. Les commandes françaises se tarissent et il écrit à son ami Edmund Gosse en 1885 qu’il envisage d’abandonner la peinture pour la musique ou les affaires.
Une carrière de peintre défaite pour une simple bretelle…
A propos de Madame X, il écrira en 1915 « Je suppose que c’est la meilleure chose que j’ai faite »
Il conservera cette peinture fièrement exhibée dans son studio de Londres jusqu’à ce qu’il la vende au Metropolitan Museum of Art de New York en 1916, quelques mois après la mort de Madame Gautreau.

Le photographe Steven Meisel aurait peut-être du faire glisser la bretelle sur l’épaule de Nicole Kidman, histoire de boucler la boucle, et de redonner à Madame X l’image originelle et sensuelle voulut par le peintre.

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Variation sur le même thème

Il y a des sujets que j’aime à reprendre régulièrement. Un même thème, pour voir comment évolue mon travail et puis parce qu’il y a mille façons de travailler un même sujet.
C’est le cas pour ces deux monochromes blancs, avec un garçon roux. « Le petit tailleur » et « Le jeune poète ». Jouer avec les gammes de blancs et gris, ajuster la couleur en fonction des cheveux orangés…
Deux années séparent ces peintures et ce n’est pourtant pas le même tableau.
« Le petit tailleur » et son bouquet de fleurs blanches. Fleurs qu’on retrouve dans la seconde pièce en motifs sur le fauteuil. La couleur « gris-bleu » du même fauteuil était celle du mannequin de couture. Les deux petits carrés d’interrupteurs graphiques chez le petit tailleur, qu’on retrouve en sucre chez le poète…Sur la table ronde, rien n’a bougé, un verre, une lettre, une tasse à café. Mais notre « jeune poète » griffonne des vers de Rilke sur un papier. A moins que ce ne soit le contenu du courrier ? Peinture inspirée du livre « Lettres à un jeune poète ».

Deux tableaux pour un même thème, deux histoires qui ne se ressemblent pas.

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Du croquis au tableau

On me commande régulièrement des tableaux avec un thème, ou un format spécial, pour une occasion particulière ou pour s’offrir, tout simplement…
Là, on me demande une dame un peu ronde, avec un chat. Liberté dans la pose et les couleurs…
Je viens de le terminer. Cadeau de Noël à mettre sous le sapin.
Quelques esquisses pour mettre en place les éléments, un croquis abouti à envoyer pour valider le projet, et en route pour la peinture définitive que voilà !

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Météo marine

marinJ’adorais la météo marine… Elle vient de disparaitre de ma radio préférée.
J’aimais écouter le soir, sans les comprendre, tous ces termes mystérieux qui sont, c’est certain, tellement précieux pour tous les marins.
Avec la belle voix de Marie-Pierre Planchon, on suivait les vents et pressions, précipitations, nébulosités, l’anticyclone des Açores, mer d’Irlande, Yeu, Ouessant, Fisher, Viking, Dogger, Tyne, Forties, Cromarty, Finisterre, Humber, Shannon, vent de nord est 2 à 4, dépression 998 hecto pascal, vent de force 2 à 3 fraîchissant 4 dans l’après-midi…
C’était joli à entendre ! Etrange poème surréaliste pour néophyte…
Ça manque à mon imagination qui aimait se laisser emporter par ces flots de noms inconnus et énigmatiques.

Vol de l’Olympia

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Un tableau de René Magritte a été volé à 10 heures ce matin dans le musée consacré au surréaliste belge, situé au n°135 de la rue Esseghem à Jette. « L’Olympia », un nu représentant Georgette Magritte sur fond de paysage de bord de mer et coquillage…
Les membres du musée ainsi que deux touristes ont été braqués par deux personnes armées. Les auteurs de ce vol ont pris la fuite à pied avant d’embarquer dans une voiture, le tableau sous le bras. L’œuvre étant estimée entre 3 et 4 millions d’euros, on peut s’attendre à une demande de rançon…
Le couple Magritte fut domicilié à l’adresse du musée, de 1930 à 1954. Le peintre y réalisa la moitié de ses oeuvres, soit environ 800 tableaux, gouaches et dessins. La majeure partie du mobilier inclus dans les appartements ont appartenu au couple Magritte (piano, meubles de la chambre à coucher, etc…) Ce musée renferme également une collection permanente de documents biographiques concernant le peintre.

Pour reprendre une célèbre formule, je dirais que « Ceci n’est pas un hold-up ! »