Charles Baudelaire

Il y a exactement 200 ans, naissait le poète Charles Baudelaire.
L’occasion de peindre un sachet de thé avec son portrait.

« Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

Madeleine

Cette photographie prise il y a quelques jours m’inspira ce texte que je me suis amusé à composé ce matin à mon réveil.
L’histoire de Madeleine qui aimait tant la décoration.

Madeleine avait toujours rêvé d’être décoratrice d’intérieur. Elle avait acheté le « Guide pratique de la DÉCORATION » avec sa belle couverture rouge, qu’elle avait dévoré des centaines de fois et dont elle connaissait par cœur le texte de chacune des pages. Madeleine l’emportait partout et il commençait sérieusement à être usé tellement qu’il fut lu et balloté aux quatre coins de France et de Navarre, en passant de Paris à Brest. Avec délectation, elle savourait les images en s’imaginant transformer en un éclair les intérieurs les plus tristes.
Et puis le temps fit son affaire… Un jour on lui offrit un livre de cuisine, puis deux, puis trois et elle se mit a aimer ça, la cuisine. Passionnément. Petit à petit les livres s’entassèrent les uns sur les autres, comme une pièce montée, recouvrant ainsi le guide adoré. Elle avait peint sa cheminée de la même couleur « fruits rouges » que son guide mais elle avait des doutes sur l’horizontalité de ses tableaux. Et finalement, c’était mieux la cuisine parce que Madeleine elle sentait bien que la décoration n’était pas son fort et qu’elle n’avait pas le goût des belles choses. Juste le goût pour fabriquer de bons petits plats, et des grands aussi, des très grands. Et puis ses rêves de décoration s’envolèrent un jour par la hotte aspirante de sa cuisine, avec les vapeurs de sa pintade au foie gras déglacée au Champagne. Elle en resta baba !

« Frida. Petit journal intime illustré »

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Une nouveauté en librairie concernant Frida Kahlo. Un bel album magnifiquement illustré où l’on retrouve la vie de l’artiste mexicaine à travers le regard, les pinceaux et les inspirations de l’illustratrice Vanna Vinci.
Le résumé de l’éditeur :
Un petit journal illustré qui revient sur l’art, la vie et les sentiments de Frida Kahlo : son enfance, son accident, son mariage légendaire avec Diego Rivera, sa passion pour une peinture transformée en miroir de l’intériorité. L’histoire extraordinaire d’une femme magnétique, charismatique et créatrice de son image : une icône pop.

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« Les contes du chat perché »

« Mais pourquoi avez-vous appelé votre gîte « La maison du chat perché ? » me dit-on souvent.
La réponse est posée sur une console, dans la « Chambre de la Lune », prête à être effeuillée et redécouverte.

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« Je me suis assis sous un pommier, et le chat m’a raconté des aventures qu’il était seul à connaître, parce qu’elles sont arrivées à des bêtes du voisinage et à deux petites filles qui sont des amies. Ces Contes du chat perché, je les donne ici sans rien y changer. L’opinion de mon ami le chat est qu’ils conviennent à tous les enfants qui sont encore en âge où on peut comprendre les bêtes et parler avec elles. »
Marcel Aymé.

« L’horloge », en prose

Les Chinois voient l’heure dans l’œil des chats.

Un jour un missionnaire, se promenant dans la banlieue de Nankin, s’aperçut qu’il avait oublié sa montre, et demanda à un petit garçon quelle heure il était.

Le gamin du céleste Empire hésita d’abord ; puis, se ravisant, il répondit : « Je vais vous le dire. » Peu d’instants après, il reparut, tenant dans ses bras un fort gros chat, et le regardant, comme on dit, dans le blanc des yeux, il affirma sans hésiter : « Il n’est pas encore tout à fait midi. » Ce qui était vrai.

Pour moi, si je me penche vers la belle Féline, la si bien nommée, qui est à la fois l’honneur de son sexe, l’orgueil de mon cœur et le parfum de mon esprit, que ce soit la nuit, que ce soit le jour, dans la pleine lumière ou dans l’ombre opaque, au fond de ses yeux adorables je vois toujours l’heure distinctement, toujours la même, une heure vaste, solennelle, grande comme l’espace, sans divisions de minutes ni de secondes, — une heure immobile qui n’est pas marquée sur les horloges, et cependant légère comme un soupir, rapide comme un coup d’œil.

Et si quelque importun venait me déranger pendant que mon regard repose sur ce délicieux cadran, si quelque Génie malhonnête et intolérant, quelque Démon du contretemps venait me dire : « Que regardes-tu là avec tant de soin ? Que cherches-tu dans les yeux de cet être ? Y vois-tu l’heure, mortel prodigue et fainéant ? » je répondrais sans hésiter : « Oui, je vois l’heure ; il est l’Éternité ! »

N’est-ce pas, madame, que voici un madrigal vraiment méritoire, et aussi emphatique que vous-même ? En vérité, j’ai eu tant de plaisir à broder cette prétentieuse galanterie, que je ne vous demanderai rien en échange.

Charles Baudelaire

Jour lumineux

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Il est des jours pas comme les autres. Des jours qui s’éclairent de façon inattendue parce que quelqu’un d’un peu trop loin l’a décidé.
Un jour lumineux, c’est comme aujourd’hui où je reçois un mystérieux paquet. Je reconnais le nom de l’expéditrice noté au dos et je souris.
Surprise ! S’écoulent de l’enveloppe cartonnée plein de petits paquets bleus pour du bleu plein les yeux. Alors je les ouvre un à un en appréciant chacun des détails qui me parlent, forcément. Je vois là des petits signes rappelant nos conversations, des choses écrites ou partagées. « Modigliani, une bonté bleue », le Yogi Tea, Van Dongen, « Paint your own reality »…. On ne se connait pas dans la vraie vie mais on se connait tout de même, dans une vie différente. Des détails et des petits signes qui se croisent, des musiques, des lectures, des auteurs, des artistes…
Je découvre là des attentions toutes particulières, touchantes.

A l’heure où j’écris, j’ai mangé cinq carreaux de « Chocolate and Love » et un sachet de Yogi Tea infuse dans sa théière bleue. Oui Paolina, j’ai suivi tes couleurs et mis ce sachet bleu dans une théière bleue. Faut pas rigoler avec ça, hein ! Les harmonies…
Ma réponse sera-t-elle rouge, jaune ou blanche ? Ou bien comme la terre, bleue comme une orange ?

Je vous invite à aller faire un tour sur le blog de Paolina, « Un fil de vie » où il fait bon se promener, lire pour avoir envie de lire, voir de belles illustrations, à l’heure du thé entre un plaid fleuri posé dans l’herbe fraîche et une bibliothèque bondée de merveilles, une rose exilée dans un bol d’eau, une bougie qui sent certainement la fleur d’oranger ou les épices, s’enfoncer dans un vieux fauteuil nomade couleur camomille et se sentir comme dans un cocon, installé confortablement comme dans une roulotte colorée qui poursuit son chemin de vie…
Pour vivre tout ça à la fois et rêver un peu, beaucoup, passionnément, c’est ICI
Grazie, e grazie mille volte per la tua presenza, Paolina.

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Victor Hugo. « Actes et Paroles ». 1876

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Le 4 septembre 1870, pendant que l’armée prussienne victorieuse marchait sur Paris, la république fut proclamée. Le 5 septembre, Victor Hugo, absent depuis dix-neuf ans, rentra. Pour que sa rentrée fût silencieuse et solitaire, il prit celui des trains de Bruxelles qui arrive la nuit. Il arriva à Paris à dix heures du soir. Une foule considérable l’attendait à la gare du Nord.
Il adressa au peuple cette allocution :

 » Citoyens, j’avais dit : Le jour où la république rentrera, je rentrerai. Me voici.
Deux grandes choses m’appellent. La première, la république. La seconde, le danger.
Je viens ici faire mon devoir.
Quel est mon devoir ?
C’est le vôtre, c’est celui de tous. 
Défendre Paris, garder Paris.

Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde.
Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée.
Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.

Paris est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir. Et savez-vous pourquoi Paris est la ville de la civilisation ? C’est parce que Paris est la ville de la révolution.

Qu’une telle ville, qu’un tel chef-lieu, qu’un tel foyer de lumière, qu’un tel centre des esprits, des cœurs et des âmes, qu’un tel cerveau de la pensée universelle puisse être violé, brisé, pris d’assaut, par qui ? Par une invasion sauvage ? Cela ne se peut. Cela ne sera pas. Jamais, jamais, jamais !

Citoyens, Paris triomphera parce qu’il représente l’idée humaine et parce qu’il représente l’instinct populaire.
L’instinct du peuple est toujours d’accord avec l’idéal de la civilisation.
Paris triomphera, mais à une condition : c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici, nous ne serons qu’une seule âme; c’est que nous ne serons qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour aimer Paris, un seul soldat pour le défendre.

À cette condition, d’une part la république une, d’autre part le peuple unanime, Paris triomphera.
Quant à moi, je vous remercie de vos acclamations mais je les rapporte toutes à cette grande angoisse qui remue toutes les entrailles, la patrie en danger.

Je ne vous demande qu’une chose, l’union !
Par l’union, vous vaincrez.

Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles. 
Serrons-nous tous autour de la république en face de l’invasion, et soyons frères. Nous vaincrons.
C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté. « 

Reconduit par le peuple jusqu’à l’avenue Frochot qu’il allait habiter, et rencontrant partout la foule sur son passage, M. Victor Hugo arrivant rue de Laval remercia encore une fois le peuple de Paris et dit :
 » Vous me payez en une heure dix-neuf ans d’exil « .

 

 

Pour être heureux…

Un enfant demande à son père :

« Dis papa, quel est le secret pour être heureux ? »

Sans dire un mot, le père demande à son fils de le suivre. Ils sortent de la maison, le père sur le dos de leur vieil âne et le fils suivant à pied. Et les gens du village disent :

« Mais quel mauvais père qui oblige ainsi son fils d’aller à pied ! »

« Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison », dit le père.

Le lendemain ils sortent de nouveau. Le père ayant installé son fils sur l’âne et lui marchant à côté.

Les gens du village disent alors :

«Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse aller à pied ! »

« Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »

Le jour suivant, ils s’installent tous les deux sur l’âne avant de quitter la maison.

Les villageois commentèrent en disant :

« Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi ! »

« Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »

Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l’âne trottinant derrière eux. Cette fois les gens du village y trouvèrent encore à redire :

« Voilà qu’ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant !

C’est le monde à l’envers ! »

« Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison. »

De retour à la maison, le père dit à son fils :

« Tu me demandais l’autre jour le secret du bonheur.

Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu’un qui trouveras quelques choses à redire.

Fais ce qui te plaît et là tu seras vraiment heureux. »