Dessiné dans le miroir d’une chambre de l’hôtel Jeanne d’Arc, autoportrait à l’orteil cassé. Paris.

Dessiné dans le miroir d’une chambre de l’hôtel Jeanne d’Arc, autoportrait à l’orteil cassé. Paris.
« L’intérieur de l’atelier » par Léon Frédéric (1882)
Peinture de la collection du musée des Beaux-Arts d’Ixelles, Bruxelles.
Peter Beard, photographe, artiste, 30 ans, par lui-même, 1968.
Paula Modersohn-Becker (1876 – 1907), peintre allemande la plus précoce du mouvement expressionniste dans son pays. Elle rejoignit les artistes indépendants réunis dans le village de Worpswede près de Brême, qui prônaient un retour à la nature et aux valeurs simples de la paysannerie, et y épousa le peintre Otto Modersohn. Le manque d’audace de ces artistes la poussa rapidement à s’ouvrir aux inspirations extérieures et à effectuer des séjours réguliers à Paris auprès de l’avant-garde artistique.
Comme à cette époque les femmes n’avaient pas accès aux Beaux-Arts, elle suivit une formation auprès de l’Association des Artistes berlinoises, en 1896. Elle appréciait les peintres de la Renaissance allemande et italienne, en particulier Dûrer, Cranach, Holbein l’Ancien, le Titien, Botticelli et Léonard de Vinci. Son propre style tendait de plus en plus à la simplification des formes et des couleurs.
Arrivée à Paris le 31 décembre 1900, elle fut fascinée par l’œuvre de Paul Cézanne, alors inconnu, et fut la première artiste allemande à avoir perçu le talent révolutionnaire du peintre. Elle se lia d’amitié avec le poète Rainer Maria Rilke qui épousa son amie Clara Westhoff à laquelle elle écrira : » Cézanne est l’un des trois ou quatre grandes maîtres qui eurent sur moi l’effet d’une tempête « .
Durant les quatorze années durant lesquelles elle exerça son art, elle réalisera 750 toiles, 13 estampes et environ un millier de dessins. Son style se nourrit d’influences multiples comme l’impressionnisme de Cézanne, Van Gogh ou Gauguin, le cubisme de Picasso, le fauvisme et le mouvement Nabi, l’art japonais ou la Renaissance allemande. Elle inaugura l’autoportrait entièrement nu allant à l’encontre des conventions artistiques de l’époque. Elle travailla également les natures mortes, les paysages, les portraits d’adultes ou d’enfant évoquant la vie paysanne. Elle a suivi le chemin qui menait vers l’art contemporain pour aller à la recherche de l’essence même des choses mais se heurtera à une incompréhension générale. Elle mourut à 31 ans des suites d’un accouchement. On connait peu cette artiste, à part dans les pays germanophones. Il existe un Musée Paula Modersohn-Becker où l’on peut découvrir son travail, à Brême.
A sa mort Rainer Maria Rilke lui rendra hommage dans » Requiem pour une amie « .
L’année prochaine, la Tate Britain va consacrer une rétrospective à David Hockney à l’occasion des 80 ans de l’artiste. Cette grande exposition reviendra sur le travail du peintre anglais de ses débuts à aujourd’hui.
Exposition du 9 février au 29 mai 2017.
En 1984, David Hockney choisit de se découper en morceaux pour se représenter.
Léon Bonnat, peintre français (Bayonne 1833 / Monchy-Saint-Éloi 1922)
Une suite d’autoportraits, de 17 à 62 ans… Un physique qui évolue autant que sa peinture.
Bonnat fut d’abord élève de Madrazzo, à Madrid, où habitaient ses parents, puis de Cogniet, à Paris. Il n’obtint que le deuxième prix de Rome, en 1857, mais grâce aux subsides alloués par sa ville natale, il séjourna trois années durant auprès des pensionnaires de la Villa Médicis. Il en rapporta des études prises sur le motif d’une spontanéité et d’une liberté d’exécution que le peintre » arrivé » ne connaîtra plus (musée de Bayonne). Bien qu’il y ait étudié les peintres de la Renaissance italienne, c’est l’influence des peintres espagnols qui l’emporta sur son art, et plus précisément celle de Ribera, qu’il démarqua dans ses œuvres religieuses : le Rachat des galériens par saint Vincent de Paul (1865, Paris, église Saint-Nicolas-des-Champs), Job (1880, musée de Bayonne), et dans ces décorations murales, Martyre de saint Denis (1885, Panthéon). Cependant, l’immense réputation de l’artiste auprès de ses contemporains découla de son talent de portraitiste, et, hormis une période brillante mais brève où il sacrifia à l’orientalisme à la suite d’un voyage en Égypte, en Palestine et en Turquie (Chez le barbier oriental, 1872, Moscou, musée des Beaux-Arts-Pouchkine), il se consacra à la représentation des personnalités de son temps. À trente-cinq ans, il était déjà célèbre ; l’impératrice Eugénie l’honorait de sa protection, puis la IIIe République le haussa au faîte de la gloire. Ce fut alors la longue série de ses portraits, parfois solennels et conventionnels, mais si représentatifs d’un aspect de la société de l’époque, et qui ont une valeur de témoignage. Posèrent devant lui les femmes du monde les plus recherchées, Madame Pasca (1874, Paris, musée d’Orsay), Madame Stern (1879, musée de Bayonne), la Comtesse Potocka (1880, id.), Madame Cahen d’Anvers (1891, id.), et combien de célébrités dont les traits sont dorénavant liés pour nous à l’image qu’il en donna, Thiers (1877, musée de Bayonne), Victor Hugo (1879, Versailles), le Cardinal Lavigerie (1888, id.) ou Renan (1892, musée de Tréguier). La qualité de ses toiles est irrégulière, le bitume en a souvent assombri la tonalité ; malgré cela, il en émane une certaine grandeur due à la rigueur de son style et à sa science du clair-obscur. En dépit de son académisme et d’un métier exercé dans une tradition figée, il était lié d’amitié avec des artistes d’avant-garde, tels Manet et surtout Degas. La fortune considérable qu’il sut édifier lui permit de rassembler une des plus importantes collections de son temps, antiquité, sculptures, peintures et plus de 2 000 dessins, maintenant partagés entre le Louvre et le musée de Bayonne, qu’il créa avant d’en faire son légataire universel. Les admirateurs d’Ingres, de Géricault et de Delacroix y trouvent des séries d’œuvres majeures essentielles à l’histoire de ces maîtres.
Article extrait de l’ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Ce que j’aimais vraiment c’était faire du cheval. En principe, nous n’étions pas obligés d’aller en classe. Je me réveillais chaque matin à cinq ou six heures et j’allais aider le fermier à traire ses chèvres pour pouvoir choisir le cheval que je voulais. Chaque journée était un plaisir mais j’étais de plus en plus en retard scolairement. Quand j’allais déjeuner, personne ne voulait s’asseoir à côté de moi parce qu’après avoir trait les chèvres, je sentais très fort. On m’évitait. Une fois encore, j’en étais très satisfait.
Entretien avec Lucian Freud (Une vie, une œuvre, France Culture)
Gustave Roud, poète et photographe, raconte tout ce qu’il est dans cet autoportrait la plume à la main.
« … comment parler des autres ? Là serait l’orgueil, et le pire – tandis que les paroles sur soi-même à voix basse de l’homme oublié, tout de suite reprises par le silence, forment peut-être un acte de véritable humilité. »
« Parler de soi… Un nuage pourrait-il le faire, commencer un « je suis » à l’instant où, penché sur le brasier du soleil moribond, de mouvante vapeur il se mue en flamme, puis flotte en nappe de cendre sur la terre endormie ? Son être est à la merci d’un rayon, d’un frisson de la mer aérienne ; toutes ses métamorphoses, et même les plus secrètes, jusqu’à la subite glace en son sein, toute forme lui est donnée… En vérité s’il tente, lui, le seul léger parmi tout ce qui pèse, de dire non l’impossible « je suis », mais au moins un « j’étais » – ce lien entre ses successives apparences – oserait-on lui reprocher son orgueil ? Quand le monde entier maintient sans une seconde d’oubli entre vous et lui l’infranchissable, comment parler des autres ? Là serait l’orgueil, et le pire – tandis que les paroles sur soi-même à voix basse de l’homme oublié, tout de suite reprises par le silence, forment peut-être un acte de véritable humilité. »
Extrait de Nuit, Gustave Roud
(Bibliothèque des Arts. 1978)
Pour en savoir plus sur Gustave Roud :
Les informations sur sa vie et son œuvre : ICI
Le site que son association lui a consacré : LÀ
22h45, fin d’une journée de travail à l’atelier. Comme il reste un peu de peinture sur ma palette, alors je prends au hasard un bout de carton bleu pour jeter quelques derniers coups de pinceaux. Juste en face, un petit miroir où je vois cette lumière de nuit dessiner des ombres fortement contrastées sur les traits de mon visage. Alors c’est décidé, comme il est tard, l’exercice du jour sera d’exécuter un autoportrait en moins de 15 minutes. Les ombres seront la réserve du carton bleu foncé, il ne restera donc à travailler que les lumières. Pari gagné en 13 minutes 50 !
Le lendemain matin, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne comme écrivait notre cher Hugo, le ciel comme la terre de Ternand étaient d’un bleu foncé avec un peu de rose à l’horizon, comme un écho à ce portrait fait quelques heures plus tôt.
Exercice régulier de l’autoportrait…
Un professeur des Arts Appliqués nous avait fait la confidence un jour que c’était l’un des exercices les plus difficiles, car il faut avoir suffisamment de recul face à un visage que l’on connait si bien et qu’il faut regarder comme une première fois. Réussir à s’effacer totalement pour ne voir que des lignes, des espaces, des volumes, des lumières… Apprendre à s’oublier. L’occasion aussi de se faire face et de voir les changements qui s’opèrent sur nos visages. Les traits et les contours qui changent, les rides qui apparaissent, les grains de beauté qui s’estompent ou s’accentuent. C’est pas drôle de travailler sur un autoportrait. C’est pas facile de se scruter ainsi, car le temps est implacable.
Une fois le travail fini, c’est là que l’on découvre qui on est. Ou bien ce qu’on ressentait à ce moment précis. Parfois se révèlent des choses insoupçonnées. Ici, c’est une tristesse que je lis, ou plutôt une grande mélancolie. Mais peut-être que je me trompe ? Faudrait que je recommence pour vérifier !
Voici en détail les coups de pinceaux et la matière sur cet autoportrait travaillé de façon rapide et instinctive un soir tard et terminé le lendemain matin.
Peter Keetman, Self-Portrait with Camera, ca 1950
Picasso a 34 ans lorsqu’il prend ce cliché de lui, une fois reposés brosses et pinceaux dans l’atelier de la rue Schoelcher à Paris. Prise de vue typique du goût de Picasso pour l’autocélébration photographique (celle du corps comme celle du génie artistique), en positionnant l’appareil très bas à hauteur des genoux.
En culotte de boxer, torse nu et le regard noir, il est prêt à se battre sur le ring de la création, semblant défier tous les artistes passés, présents et à venir.
Pablo Picasso,
Autoportrait torse nu en culotte de boxeur devant Homme assis au verre en cours d’exécution dans l’atelier de la rue Schoelcher, Paris, 1915-1916.
Épreuve gélatino-argentique, 6,6 x 4,7 cm.
Collection Dora Maar, 1998, MP1998-134.
© Succession Picasso 2013.
Cliché : RMN-Grand Palais / Franck Raux.
Il y a parfois des jours particuliers. Des jours qui ne comptent pas pour des prunes, des jours qu’on a envie d’arrêter, de suspendre, de marquer, pour se souvenir. Pour plus tard…
Ce jour là, je ne vais pas le souligner en faisant une croix sur mon calendrier mais j’ai décidé de le peindre avec un autoportrait.
« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Ecrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. »
Katsushika Hokusai
Pour voir la rétrospective Hokusai au Grand Palais jusqu’au 18 janvier 2015, renseignements ICI
Jean Vimenet se représente, âgé d’une quarantaine d’années, dans son atelier en Algérie.
Dernier élève de Vuillard, il obtient en 1952 le prix Abd-el-Tif, qui lui permet de séjourner deux ans dans la belle villa sur les hauteurs d’Alger.
Jean Vimenet est né le 21 mai 1914 à Tours et mort dans la même ville le 26 mai 1999.
Il entre en 1928 à l’école des beaux-arts de Tours et en 1931 il est déjà connu de la bourgeoisie locale pour ses portraits. Il entre à L’école des beaux-arts de Paris en 1932 et les élèves sollicitent Edouard Vuillard qui leur accorde deux matinées par mois. Ils devinrent amis et furent très proches durant plusieurs années.
En 1937, il rencontre le réalisateur et créateur du studio de cinéma d’animation Paul Grimault, ainsi que les frères Pierre et Jacques Prévert. En 1938, Vuillard l’invite à Genève pour la réalisation de Les Muses protégeant la Paix commandée par la Société des Nations. Vimenet en effectue le report aux carreaux.
En 1939 il est mobilisé, Vuillard meurt. Démobilisé en août 1940 il rejoint Grimault et collabore à plusieurs dessins animés, dont Le Roi et l’Oiseau. Il collabore avec le milieu théâtral à la réalisation de masques et travaille sur une bande dessinée : Une vie de chien ou l’histoire de Charlot pour Libération.
En 1952 il obtient le prix Abd-el-Tif en peinture qui permet un séjour de deux ans à la villa Abd-el-Tif, sur les hauteurs d’Alger.
En 1963 joue un garde-chasse dans le film Mouchette de Robert Bresson.
Les expositions se succèdent dont une rétrospective en 1985 au musée des beaux-arts de Tours avec 104 œuvres. En 1983 paraît le livre Vimenet, la statue sans socle écrit par son fils, qui réalisera un film documentaire Cet homme à la chemise verte (Un peintre secret) (inédit).
Hannes Maria Flach (1901/1936) est un photographe allemand spécialisé dans le photojournalisme.
Suite à un apprentissage de commerçant il fut engagé à Düsseldorf comme représentant. En 1925 il participe pour la première fois à une exposition de photographie et en 1928 ouvre son atelier à Cologne-Zollstock, abandonnant son métier de représentant.
Son œuvre est fortement influencé par ses contacts avec les Progressistes de Cologne. Il meurt en 1936 suite à des sévices infligés par un SS.