271 inédits de Picasso

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Pierre Le Guennec, l’électricien qui conservait 271 inédits de Picasso dans son garage depuis près de quarante ans, prenait régulièrement le thé avec le peintre.
Un jour « il m’a proposé de partager le thé avec lui. Il voulait juste savoir ce que je faisais, comment ça se passait, des choses simples. A partir de là, le thé avec le maître, c’est devenu comme un rite. Il n’était pas mondain ni pincé », assure Pierre Le Guennec, 71 ans.

«Il n’est jamais arrivé qu’on retrouve un ensemble aussi important entre des mains privées sans qu’on n’en ait jamais eu connaissance», réagit Anne Baldassari, présidente du musée Picasso à Paris, interrogée par l’AFP. «Les mises au jour de grandes œuvres viennent généralement au moment des successions, des inventaires des fonds d’ateliers d’artistes.» Sur les 271 oeuvres, «il y en a en fait 175 dont deux carnets avec plusieurs dizaines de feuillets dont l’un comptant près d’une centaine de feuillets», précise-t-elle.
«Il s’agit typiquement du fonds de l’atelier de Picasso et il conservait tout : séries de dessins, d’études, d’états qui révèlent le processus de travail de l’artiste et le mouvement de sa pensée. On y trouve notamment une gravures en dix exemplaires, une série de dessins présentant d’infimes variations, des papiers collés, des maquettes, tous jouant un rôle essentiel dans l’oeuvre de Picasso des années 1910-1920.»

Les héritiers de Picasso ont porté plainte pour recel. Pierre Le Guennec a été placé en garde à vue en octobre. Les 271 oeuvres ont été saisies dans l’attente d’une décision de justice.

La belle Romaine

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Ce tableau d’Amedeo Modigliani, « Nu assis sur un divan » (La Belle Romaine), a été adjugé 68,9 millions de dollars hier soir à New York. Record mondial pour l’artiste italien.
La toile, peinte en 1917, était le clou de la soirée de vente d’art impressionniste et moderne chez Sotheby’s.
Un autre tableau de Modigliani, « Jeanne Hébuterne » (au chapeau), estimé entre 9 et 12 millions de dollars, a été adjugé 19 millions.
La recette des ventes de ces deux tableaux sera offerte par leur vendeur à la Fondation nationale pour l’essor de l’art (NFAA) qui offre chaque année des bourses à de jeunes talents de 17 et 18 ans.

Jim Denevan

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La fin du mois d’août arrive, les plages vont peu à peu se déserter…
Un homme sera heureux, c’est Jim Denevan, artiste américain. Fan de surf et de mer, il pratique le Land Art sur les plages californiennes, armé d’un râteau ou d’un bâton de pèlerin pour partir à la quête de son art. Des formes géométriques parfaites et démesurées, vouées à être détruites par les eaux et les pas de passants.

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Le New York Times magazine, National Geographic, Elle, GQ, The Surfers Journal, House and Garden, Outside, et bien d’autres journaux ont parlé de son œuvre éphémère.
Jim Denevan construit son dessin avec le principe de triangulation, et ne voit jamais le résultat en restant les pieds sur le sable. Il lui faudra prendre des ailes pour voir d’en haut les subtilités de ses constructions. Jouer avec la nature, avec le paysage, avec l’immensité…
Du grand art !

Voici une vidéo expliquant son travail et son site : ICI

Louise Bourgeois

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(photographie Robert Mapplethorpe)


« J’AI MISÉ SUR L’ART PLUTÔT QUE SUR LA VIE »

Disparition de Louise Bourgeois à l’âge de 98 ans.
Sa vie durant, elle aura travaillé sur une œuvre autobiographique, singulière et provocante : Araignées géantes en acier, présentées comme symbole de sa mère, des installations (« La destruction du père »), des sculptures-objets (« Cellules »), des silhouettes de bois monolithiques (« Depression woman ») etc…
« Tout mon travail est un autoportrait inconscient, il me permet d’exorciser mes démons. Dans mon art je suis la meurtrière, dans mon monde la violence est partout… »
Incomprise en France, elle sera reconnue par les plus jeunes générations d’artistes, fascinés par ses symboliques sculptures monumentales, corps décapités, phallus hyperréalistes, poupées de chiffon enlacées…
Souffrance, solitude, mort, et combat entre les sexes seront ses thèmes essentiels, inspirés de son enfance perturbée par un père volage ouvertement infidèle à sa mère et par la douleur de celle-ci.
« Il fallait que mon anxiété s’exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire », expliquait-elle.

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Née à Paris le 25 décembre 1911 de parents propriétaires d’un atelier de restauration de tapisseries. Elle étudie aux Beaux-Arts, à l’Ecole du Louvre et aux ateliers de Bissière et de Fernand Léger, qui l’orientera vers la sculpture.
New-yorkaise depuis 1938 lorsqu’elle épouse l’historien d’art américain Robert Goldwater, elle rencontre Joan Mirò, Marcel Duchamp et André Breton. Elle expose ses gravures, ses peintures et entreprend de sculpter de longues silhouettes de bois.
Devenue américaine en 1951 et mère de trois enfants, elle expose régulièrement et commence à enseigner dans diverses institutions.
Il faudra attendre la fin des années 70 et l’apparition d’œuvres de plus en plus violentes, comme « La destruction du père » ou « Confrontation », pour que Louise Bourgeois accède à la notoriété. Elle s’installe dans un atelier à Brooklyn, est élue membre de l’American Academy of Arts and Sciences à New York, et multiplie les expositions personnelles dans les années 80.
Une première grande rétrospective de son œuvre est organisée au MoMA à New York en 1982.
Louise Bourgeois a été célébrée tardivement par son pays natal, qui l’honore en 1991 du Grand Prix national de la sculpture, avant de lui consacrer deux rétrospectives, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1995 puis au centre Georges Pompidou en 2008.

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« Destruction du père. Reconstruction du père ».
A lire, cet ouvrage autobiographique important et essentiel pour entrer plus profondément dans l’œuvre de Louise Bourgeois, avec son histoire familiale et particulièrement par la personnalité du père.

Aloïse Corbaz

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Photographie Dr A.Bader

Plus connue sous son prénom d’Aloïse, cette femme là m’a beaucoup inspiré, et la vue de ses dessins au musée d’art Brut de Lausanne a été pour moi un immense choc. Fermée dans son monde et pourtant… Tant de liberté dans son trait, dans les histoires qu’elle tirait de ses rêves et de ses fantasmes, les couleurs vives, la grandeur de ses dessins en immenses rouleaux déployés…
Séraphine de Senlis a été mise en lumière il y a 2 ans grace au film de Martin Provost, quelqu’un s’occuperait-il à présent d’Aloïse Corbaz pour la faire connaitre à un plus grand nombre, ou faut-il qu’elle reste encore dans l’obscurité ?

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Son histoire en quelques lignes…

Aloïse Corbaz (1886-1964) naît en Suisse.
Elle a onze ans lorsque sa mère meurt. Bachelière en 1906, elle vit une brève passion avec un étudiant mais sa sœur y met fin violemment.
Elle chante et rêve de devenir cantatrice. En 1911, elle s’installe en Allemagne, travaille comme institutrice, puis comme gouvernante du chapelain de Guillaume II à Potsdam dans le château de Sans-Souci. C’est dans cette atmosphère de cour qu’elle commence à vouer une passion amoureuse, imaginaire et délirante pour l’empereur.
Elle a vingt-sept ans quand apparaissent ses premiers troubles psychiques. D’abord hospitalisée en 1918 à l’asile de Cery-sur-Lausanne, elle sera pensionnaire de celui de la Rosière de 1920 jusqu’à sa mort. Durant les premières années de son internement, Aloïse s’enferme dans un total isolement avec des accès de violence occasionnels, puis elle s’adapte progressivement à la vie hospitalière. Vers 1920, elle commence à écrire et à dessiner en cachette, mais sa production est presque intégralement détruite.
Elle a maintenant 50 ans et c’est seulement à partir de cette année 1936 que le Professeur Hans Steck, directeur de l’hôpital, et le Docteur Jacqueline Porret-Forel, son médecin généraliste, commencent à s’intéresser à son œuvre et la fait connaitre à Jean Dubuffet. Elle sera l’une des artistes majeures de la Collection de l’art brut fondée par l’artiste.
Aloïse dessine le plus souvent avec des crayons de couleur et des craies grasses, mais aussi avec ce qu’elle a sous la main, du suc de pétales de fleurs ou de feuilles, du dentifrice… Elle colle parfois dans ses œuvres des coupures de journaux, des papiers d’emballage de chocolats, des chromos. Son support préféré reste le papier kraft des colis qu’elle récupère et dont elle utilise le recto et le verso. Pour obtenir de plus grands formats, elle coud entre elles les feuilles de papier avec des fils de laine ou de coton.  Certains atteignent plus de dix mètres !
Elle vit en rupture avec le “monde naturel ancien d’autrefois”, mais devient la grande ordonnatrice d’un univers codifié et voluptueux, peuplé de fleurs, d’animaux, de grands Opéras, de rois et de reines dans des arènes, de princes charmants et de princesses alanguies dans un théâtre d’Amour, de gâteaux d’anniversaire à étages, de légendaires histoires d’amour… Une chanteuse d’opéra fait la cour à un empereur, une façon pour elle de se représenter dans une vie espérée, d’écrire ses rêves et de les voir en images.
Une galerie de portraits, à la fois somptueuse et imaginaire qui témoigne d’un amour impossible. Oui, on peut se noyer dans ces regards bleus, aussi grands que l’immensité des mers. La grandeur de l’oubli…

A lire :  » Aloïse et le théatre de l’univers », par Jacqueline Porret-Forel, SKIRA 1993

A voir :  » Sans souci, l’art d’Aloïse », un  documentaire de Muriel Edelstein (52mn, Long par Court production)

Adaptation pour le cinéma de la vie d’Aloïse Corbaz, « Aloïse », de Liliane de Kermadec (co-écrit avec André Téchiné) datant de 1975, avec dans le rôle titre deux actrices, Isabelle Huppert qui y joue Aloïse adolescente, puis Delphine Seyrig Aloïse adulte.

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« Le vieil homme et son jardin de pierres »

Photographie Ahmad Nadalian
Photographie Ahmad Nadalian

Darvich Khan est un berger iranien, sourd et muet de naissance.
Au sud-est de l’Iran se trouve, en plein désert, un grand jardin dans lequel sont plantés des centaines d’arbres secs et démunis de feuilles. Depuis 30 ans, le berger nonagénaire accroche inlassablement aux branches mortes des milliers de pierres, petites et grandes qu’il perce de mille trous.
Sculptures de pierres et de bois morts sur une terre aride.
Pourquoi Darvich Khan a-t-il choisi l’arbre pour s’exprimer ? L’arbre, symbole de vie par excellence, avec ses racines qui s’enfoncent dans le sol et sa ramure s’élevant vers le ciel, il est comme un trait d’union entre la terre et le ciel, l’homme et les dieux, le visible et l’invisible.
Peut-être parce qu’il souhaite qu’un jardin vive ici, de quelque manière qu’il soit, peut-être plante-t-il ces arbres pour sa mémoire, peut-être est-ce un moyen de crier, de dire qu’il faut sauver les forêts, les arbres et la nature, peut-être pour redonner une seconde vie à ce bois mort, ou peut-être ne s’est-t-il jamais posé la question, comme une évidence…
La réponse peut-être dans les prochains jours.
Le documentaire de Parviz Kimiavi sur ce jardin singulier est programmé sur la chaîne France ô. « Le vieil homme et son jardin de pierres »
A voir absolument !
Mercredi 12 Mai 20h35 / Jeudi 13 Mai 15h15 / Samedi 15 Mai 16h00

Voici la danse de ce solitaire devenu légendaire, au cœur de son jardin de pierres…

Une artiste chinoise censurée

Vous pensez que cela se passe en Chine ? Et bien non, c’est en France, à Paris, Ecole des Beaux-Arts.
Ko Siu Lan est une jeune artiste qui travaille sur le slogan, le signe,  l’idéogramme chinois…
Elle a installé mercredi sur la façade des Beaux-Arts 4 bannières avec écrit « TRAVAILLER », « MOINS », « GAGNER », « PLUS ». Ces 4 mots vous appelle sans doute une phrase devenue célèbre… C’est justement cela qui fâche les autorités !
Le jour même, l’école a décidé de décrocher l’installation de sa façade.
« Travail trop explosif pour rester in situ, certains membres de l’école et des personnes du ministère de l’Education s’en offusquaient déjà« , lui a-t-on dit !

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«Je viens de Chine. Je ne peux pas croire que cela m’est arrivé en France. C’est une censure très brutale, sans discussion», déclare l’artiste. « Cet incident reflète bien le climat de peur politique dès qu’on touche à Sarkozy en France, et à quel point la liberté d’expression est bafouée dès que des intérêts économiques sont en jeu »

Performeuse engagée, Ko Siu Lan se recouvre de sang lors des commémorations de Tian’anmen, ayant longtemps travaillé au Tibet pour des ONG, elle fait voyager dans le monde entier des performances sur le sort des Tibétains. Ko Siu Lan a étudié plusieurs années en France avant de retourner en Chine. Elle participe à l’exposition intitulée «Seven Day Week end de sept jours», qui présente à partir de samedi les œuvres d’étudiants du programme de recherche «La Seine» associant trois écoles.

Ko Siu Lan demande simplement que son œuvre soit raccrochée avant le vernissage de l’exposition, samedi, et fera appel à la justice si tel n’est pas le cas.

Espérons qu’elle gagne ce combat. Liberté, Liberté…

Pour découvrir le travail de l’artiste, voici son site : ICI

La Montagne du Salut de Léonard Knight

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Tout au long du film « Into the wild », dont je parlais dans le précédent post, nous allons de rencontre en rencontre, parfois dans des lieux désertés, au milieu de nulle part.
Quelle surprise de voir la « Montagne du Salut », située en plein désert Mojave, et d’en faire la visite avec son auteur, Leonard Knight ! On la trouve dans presque tous les livres parlant de bâtisseurs de l’imaginaire comme le Palais idéal du Facteur Cheval, la Maison Picassiette, le site de Robert Tatin, le Jardin de Pierres de Neck Chand, les rochers sculptés de Rothéneuf, le Jardin des Tarots de Niki de Saint-Phalle etc…

Leonard Knight, est né en 1931. Il tenta un jour de fabriquer une gigantesque montgolfière portant l’inscription « Dieu est amour ». 5 années de travail à coudre le ballon qui atteindra 100 mètres de hauteur et qu’il ne parviendra pas à faire voler.
En 1986, il posa sa petite maison sur le toit de sa camionnette et quitta le Nebraska pour aller dans le désert Mojave tenter une nouvelle ascension. Nouvel échec !
Il décide alors d’ériger une montagne à la gloire de Dieu, construite sur une crête à l’aide de ciment et de matériaux de récupération. Elle s’étale bientôt sur plusieurs hectares de terrain et sera peinte avec des centaines de litres de peinture qu’on lui offre. Il est écrit en gros, au milieu de cette végétation au mille couleurs, « Dieu est amour ». Mais Dieu parfois n’entend pas, et un jour mauvais, la montagne s’effondre. 3 années de dur labeur réduit en miettes…
Léonard reprend le travail en remplaçant le ciment par de la brique, matière plus légère. Mais en 1994, les autorités locales décident de détruire le site, jugé trop polluant. Knight se bat, avec l’aide de ses amis et des centaines d’admirateurs de son œuvre, et parvient à ce qu’on ne touche pas à sa montagne sacrée.
Aujourd’hui, ce sont des visiteurs du monde entier qui viennent le voir travailler. Le site est immense et s’étale de plus en plus, au fur et à mesure que le temps passe…

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Vol de l’Olympia

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Un tableau de René Magritte a été volé à 10 heures ce matin dans le musée consacré au surréaliste belge, situé au n°135 de la rue Esseghem à Jette. « L’Olympia », un nu représentant Georgette Magritte sur fond de paysage de bord de mer et coquillage…
Les membres du musée ainsi que deux touristes ont été braqués par deux personnes armées. Les auteurs de ce vol ont pris la fuite à pied avant d’embarquer dans une voiture, le tableau sous le bras. L’œuvre étant estimée entre 3 et 4 millions d’euros, on peut s’attendre à une demande de rançon…
Le couple Magritte fut domicilié à l’adresse du musée, de 1930 à 1954. Le peintre y réalisa la moitié de ses oeuvres, soit environ 800 tableaux, gouaches et dessins. La majeure partie du mobilier inclus dans les appartements ont appartenu au couple Magritte (piano, meubles de la chambre à coucher, etc…) Ce musée renferme également une collection permanente de documents biographiques concernant le peintre.

Pour reprendre une célèbre formule, je dirais que « Ceci n’est pas un hold-up ! »

L’endormi

Bien que n’étant pas très fan du travail de dessin de Jean Cocteau, j’aime beaucoup sa série sur les garçons endormis.
Le trait est simple et va à l’essentiel…
Ici, nous retrouvons Raymond Radiguet, pour qui Cocteau écrivit : « Il est une plante qui parle, en quelque sorte. Dans Le Diable au corps, cette plante raconte le mystère de ses racines. Dans Le Bal du Comte d’Orgel, cette plante donne sa fleur, et son parfum est parole. »

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Jeanne Hebuterne

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A l’âge de neuf ans, Amedeo Modigliani est atteint de pleurésie. Pour y échapper, il ne cessera sa vie durant de se noyer dans l’alcool et la drogue. Cette vie dissolue et cette lutte continue contre la maladie influencent son art. Ses peintures, en particulier ses portraits, portent la marque de la mélancolie et du tourment.

Jeanne par Modigiani

En 1917, une jeune femme de bonne famille, Jeanne Hébuterne, 19 ans, entre dans la vie d’Amedeo Modigliani et tombe sous le charme du peintre alors âgé de 33 ans. Amour fou!
Artiste prometteuse de l’école d’art où elle étudie, l’influence de Modigliani sur son travail est indéniable mais les quelques toiles de Jeanne (longtemps cachées au public et retrouvées en 2002 dans l’atelier de son frère) témoignent tout de même d’une identité propre.
Elle devient rapidement le modèle favori de Modigliani.
Contre l’avis de son père aux mœurs austères, elle s’installe dans l’atelier du peintre à Montparnasse, et se consacre à la peinture mais aussi à la photographie, à la confection de bijoux et de vêtements.
Un bébé arrive très tôt dans leur histoire, en novembre 1918. Jeanne
commence à s’effacer, et sacrifie ses envies créatrices pour remplir son rôle de mère.
Mais la famille bourgeoise et catholique de Jeanne la renie du
fait de sa relation avec le peintre qui n’est pour eux qu’un pauvre
débauché, juif de surcroît.

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L’état de santé de Modigliani ne cesse de s’aggraver. Le 24 janvier 1920, une méningite tuberculeuse l’emporte à l’âge de 36 ans.
Jeanne, à nouveau enceinte, se retrouve seule, démunie et désespérée. Elle retourne chez ses parents, les suppliant de l’aider, mais ces derniers ne veulent plus d’elle et encore moins des deux rejetons. Ils refusent, par haine, de garder pendant 24 heures la dépouille du peintre.

Le lendemain matin, Jeanne Hébuterne se jette par la fenêtre du 5ème étage de l’appartement de ses parents et quitte ainsi un monde qu’elle aura peu connu. Elle a 22 ans.

Modigliani est enterré en grande pompe au cimetière du Père-Lachaise le 27 janvier, entouré de nombreux amis, tandis que Jeanne est mise en terre à Bagneux.
Il faudra attendre une dizaine d’années pour qu’elle soit inhumée à côté du peintre. Deux amoureux réunis à présent pour l’éternité…

Tombe au cimetière du Père Lachaise
Tombe au cimetière du Père Lachaise

J’ai cherché longtemps cette tombe au Père Lachaise, et quand j’y suis parvenu, il y avait là deux fleurs. Une tulipe rouge, symbole de la déclaration d’amour et de la passion, et la fragile violette symbole de modestie, d’humilité ou d’amour secret.

On peut voir le film « Modigliani » (sorti en 2004), quelque peu romancé, sur la vie du peintre avec Andy Garcia dans le rôle de Modigliani et Elsa Zylberstein dans le rôle de Jeanne Hebuterne. Mais l’ambiance de l’époque est très bien décrite, avec de belles lumières, on entend dans la bouche de l’acteur des citations du peintre et la passion amoureuse est bien là.

Le mystère Picasso

1956. Henri-Georges Clouzot filme Picasso en train de peindre sur du papier transparent, avec des plans-séquence en caméra fixe. Cette caméra placée devant le chevalet sur lequel est tendu le papier, capte le cheminement de la pensée créatrice du peintre.
Fascinant de voir l’œuvre se faire sous nos yeux, avec les doutes, les hésitations, les erreurs et finalement le résultat final souvent inattendu.
Petit extrait de ce film de 80 minutes :